A quand cette fête d’indépendance dans l’unité ?





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Une compatriote à qui nous avons envoyé un SMS samedi, pour lui souhaiter une bonne fête de l’indépendance, a mentionné dans sa réponse qu’elle avait « oublié » cette célébration.

Elle nous a même remercié de la lui avoir rappelée. Quoi ? Une citoyenne qui oublie la fête nationale de son pays ? C’est cependant la triste réalité que nous a avouée cette interlocutrice. Pourtant, quelle que soit son occupation et le lieu où il se trouve, tout Ivoirien doit normalement, tous les 7 août, avoir cet évènement important (au moins) à l’esprit durant toute une journée. Malheureusement, comme cette opératrice économique, ils sont nombreux les Ivoiriens qui ont quasiment tourné le dos à la vie de leur Nation, au point d’oublier la plus importante de ses fêtes.

 Car, la commémoration du 7 août, date de son accession à l’indépendance, est la seule fête nationale de la République de Côte d’Ivoire. Tout en rappelant la date à laquelle le peuple ivoirien a commencé à « disposer de lui-même », tel que solennellement proclamé par le Père Fondateur Félix Houphouët Boigny le 7 août 1960, cette date marque officiellement l’appartenance de chaque Ivoirien à ce Peuple qui lui-même constitue la Nation ivoirienne.

 Pour autant de raisons, avant même d’être un moment de liesse populaire (qui a disparu), la période de cette commémoration, et particulièrement la journée du 7 août, doit être pour chaque Ivoirien, une journée de souvenirs et de pensée permanente sur le cheminement de sa patrie et le destin de sa Nation. Problème, la Côte d’Ivoire a cessé d’être cette Nation où il existe en pareille occasion, l’indispensable convergence des pensées des citoyens. Cela dure malheureusement depuis des décennies où la vie de la Nation n’intéresse généralement que des partisans du pouvoir, quand une autre catégorie de citoyens s’en détourne.

En effet, depuis la fin de l’ère Houphouët Boigny, les circonstances d’accession au pouvoir, et surtout la gouvernance clanique des régimes successifs, ont à chaque fois provoqué chez une partie du peuple un sentiment d’exclusion et beaucoup de frustrations qui poussent ces populations à se retrouver, ou à se mettre en marge de la République. L’illustration la plus connue de ce constat est le refus catégorique de certains citoyens de suivre leur télévision nationale.

Sous Laurent Gbagbo (qui a lui-même évoqué publiquement le sujet), des chefs de famille avaient interdit l’apparition des programmes de la télévision publique à l’écran de leur poste récepteur.  Ils étaient solidaires d’Alassane Ouattara empêché d’être candidat à une élection en Côte d’Ivoire. Tout avait été mis en œuvre pour l’exclure du jeu électoral d’abord sous le régime de Bédié, ensuite sous le régime de Gbagbo. Par ailleurs, depuis 2011, suite à la crise post-électorale qui s’est terminée par l’arrestation de Laurent Gbagbo puis son transfèrement à La Haye, un grand nombre de ses partisans détestent suivre les émissions de la RTI. Comme les partisans de Ouattara hier, ils trouvent que cette chaine publique incarne le régime qu’ils haïssent. Et, de même qu’hier des partisans de l’opposant Ouattara préféraient penser à autre chose le jour de l’indépendance, beaucoup de citoyens aujourd’hui remontés contre le régime actuel, ont ignoré à leur façon la célébration du samedi 7 août dernier. Nous en connaissons qui ont même mis ce jour à profit pour régler des questions familiales.

Le mal étant connu, à savoir les rancœurs et les sentiments d’exclusion qui animent les mécontents, la solution est aussi facile à identifier. Il s’agit, pour ceux qui dirigent le pays, de faire en sorte que tous les citoyens soient égaux devant la loi, et que l’administration publique et l’institution judiciaire ne soient pas instrumentalisées pour jeter en prison, ou exclure du jeu électoral, des adversaires politiques gênants. Tant que ne sera pas rompu le cycle de cette injustice aux conséquences graves et pratiquée par tous les régimes, de Bédié à Ouattara en passant Robert Guéï, le peuple ivoirien aura du mal à retrouver son unité de l’époque d’Houphouët-Boigny.

Cissé Sindou

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