Parafiscalité du sport : trop de zones d’ombre





parafiscalite-du-sport-trop-de-zones-dombre


  La parafiscalité du sport. On en parle peu. Comme si c’était un sujet tabou. Et pourtant, au regard de différents faits et déclarations qui sont à la limite des accusations, le débat devrait être ouvert. Car il s’agit de gros montants que l’État met à la disposition du secteur des sports pour sa bonne marche.

En effet, on a encore en mémoire le problème des infrastructures sportives défaillantes. Même s’il faut le reconnaître, ces derniers mois, grâce à la Coupe d’Afrique des nations 2023 que la Côte d’Ivoire abritera, certaines ont commencé à reprendre vie. Pour réussir la compétition, l’État a engagé des moyens pour la réhabilitation des infrastructures existantes et pour la construction d’autres. Avant ça, la grosse plaie du football était ses infrastructures. Là encore, il s’agit du football. Sinon, pour les autres disciplines, la situation n’a pas évolué. Pourtant, dans la répartition de la parafiscalité, une part, 15 %, revient au ministère. Entre autres rôles de cette manne financière, l’entretien des infrastructures. L'on est donc en droit de se demander pourquoi la Côte d’Ivoire est-elle mal lotie en la matière ? Nul n’ignore que, pour ce problème, les Éléphants ont été contraints de jouer leurs matchs au Bénin, dans le cadre des éliminatoires de la coupe du monde.
Autre fait. Le mutisme de la tutelle face à des accusations. En effet, dans une interview accordée à un confrère, Alain Ambrosino, le président de la Fédération ivoirienne de sport automobile (FISA), s’est voulu très incisif.
"Contrairement à ce qui se dit (…) il y a des choses que les Ivoiriens doivent savoir sans vouloir accuser qui que ce soit ou rentrer dans la polémique… Depuis 2018, on n’a pas touché un seul centime du ministère pour organiser un rallye. Nous avons travaillé avec nos sponsors. En 2021, nous avons récupéré la parafiscalité que nous n’avions plus depuis 2018. Cette manne ne sert qu’à faire vivre la fédération", a-t-il déclaré. Ajoutant : "Le plus gros chiffre que nous avons obtenu ces dernières années, ce sont 50 millions en 2016-2017. Nous avons eu, sur papier, 150 millions voire 200 millions de Fcfa comme budget. Donc certains chiffres sont réels. Sauf que nous ne les avons jamais touchés. Je le répète, nous avons eu des subventions décaissées par le trésor. Je le dis avec des preuves, car à l’époque, j’ai récupéré des papiers qui montraient que le trésor avait déboursé certaines sommes, mais encore une fois, elles ne sont jamais arrivées dans les caisses de la FISA". Des accusations très graves qui devraient faire réagir le ministère en charge des sports. Mais, étonnamment, aucune réaction n’est venue contredire les propos d’Alain Ambrosino.
Plus grave, le journaliste Saïd Penda, dans une de ses parutions, a directement accusé le ministre Danho Paulin.
"Mon investigation en cours sur sa (ministre des Sports) gestion opaque des milliards issus de la « parafiscalité » ne viendra que confirmer le fait que Paulin Claude Danho n’a pas sa place dans le gouvernement du très rigoureux Alassane Ouattara".
Une source proche du ministère qui a requis l’anonymat, nous a révélé que le problème de la gestion des fonds issus de la parafiscalité ne date pas de l’époque du ministre actuel. Selon lui, elle a longtemps été considérée comme une caisse noire pour beaucoup de ministres. En est-il autant pour le maire d’Attecoubé ? À cette question, notre interlocuteur se montre prudent. Je n’ai aucune preuve. Mais chacun voit et entend. Chacun doit être à mesure de tirer sa conclusion.
Toutefois, ce même interlocuteur a tenu à préciser. "Par contre, vous devez savoir que ce n’est pas de l’argent qui est décaissé et qui attend quelque part. Il est logé au trésor est mis à disposition quand il y a un besoin", explique-t-il. Mais nous sommes en Afrique et on sait comment ça se passe.
Au moment où le pays est secoué par des scandales financiers, avec l’opération main propre qui a déjà fait couler des responsables de structures publiques, il serait temps de jeter un coup d’œil sur la gestion de la parafiscalité du sport. Pas de doute qu’on y découvre des surprises.
La parafiscalité du sport est une taxe spéciale prélevée sur la vente du tabac en Côte d’Ivoire en vue d’aider au développement du sport.

Modeste KONÉ

 

Partarger cet article

En lecture en ce moment

Maxine Isabel Esteban, l’escrimeuse ivoirienne d’origine philippine qualifiée pour les Jeux Olympiques

Ronaldinho interdit de quitter le territoire brésilien