Tanda : Sokouadou, un village oublié par l’émergence





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Une vue des poteaux électriques qui jonchent le village



Sokouadou, grande agglomération de plus 1000 âmes, située dans la commune de Tanda, à 7 km de son chef-lieu de commune à vol d’oiseau, est enclavée. Ce village souffre d’un manque d’électricité, d’infrastructure sanitaire, routière,  d’hydraulique et d’enseignants du primaire.

Présents dans la localité, du 02 au 05 septembre 2022, nous avons pu constater avec amertume  cette triste réalité. Selon des témoignages des habitants, depuis l’indépendance de la Côte d’Ivoire, cette bourgade est plongée dans l’obscurité et souffre de plusieurs maux qui contraignent son développement. Au Centre du village, des poteaux électriques jonchent les rues. Pour les populations rencontrées, ces poteaux sont une promesse de campagne électorale.

« Ils ont été déposés lors de la campagne électorale du 06 mars 2021.  Le ministre d’Etat, de l’Agriculture et du Développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, et le maire de Tanda, Koné Hilliassou, étaient venus solliciter nos suffrages lors de ces législatives passées. Notre doléance urgente était l’électrification de notre village. Trois jours après nous avons reçu ces poteaux. Ensuite, une équipe aidée des bras valides a fait les "trouaisons". Pour nous, notre rêve est devenu réalité. Depuis lors, c’est un silence plat. Notre cauchemar continue. Ces trous sont devenus des dangers pour nous lorsque la nuit tombe sur Sokouadou », a déploré un jeune homme du village.

Outre ce problème d’électrifié, Sokouadou manque d’enseignants pour son établissement primaire public.  Pour l’année scolaire écoulée, le village comptait 3 enseignants titulaires et une stagiaire. Deux pour les classes (CE1-CE2 et CM1-CM2) et les deux autres pour le CP1 et CP2. Faute d’électricité, trois  enseignants résident à Tanda, abandonnant les logements construits pour eux. Ces derniers parcourent 17 km à moto pour y aller dispenser le savoir aux enfants. En cas de pluie, les élèves restent à la maison. Le  corps enseignant était absent lors de notre séjour. Une information faisant état de l’affection de deux autres enseignants circule. Cet établissement se retrouvera donc avec deux instituteurs à la rentrée prochaine si rien n’est fait.

Le calvaire des habitants de Sokouadou ne s’arrête pas là. Les populations se soignent à la pharmacie par terre grâce aux vendeurs ambulants de produits prohibés. Les cas urgents sont transportés à moto à trois kilomètres, à Tenko, sur une piste rocailleuse.

 Il faut par ailleurs évoquer le manque d’eau. La seule pompe à motricité humaine n’arrive plus à ravitailler toute la population en eau potable. Selon les femmes,  elle tombe régulièrement en panne. Ces pauvres dames ont donc recours aux eaux de marigots, source de maladies.

L’autre plaie de Sokouadou est le manque d'infrastructures routières. Pour se rendre à Sokouadou, il faut passer par Guiendé (10 km de Tanda), Tenko et Sokouadou. Soit 17 km  sur une piste boueuse avec des nids de poule.  De surcroît à moto. Aucun véhicule ne rallie Tanda à Sokouadou à cause de l'état de la voie. Quitter Tanda pour se rendre à Sokouadou, il faut débourser plus 12.000 Fcfa en aller et retour.

Ces populations, laissées pour compte, ne savent plus quelles structures administratives ou privées se confier. Pour elles, toutes les démarches auprès du Conseil régional du Gontougo et de la mairie de Tanda sont restées sans réponse. Malgré tout, les populations restent confiantes. Elles vaquent à leurs occupations sans état d'âme.

Pourtant, Sokouadou connait une renommée dans la région grâce à son prêtre traditionnel (féticheur) Adayé Tano Kouamé dit Kwame Kpalissê. Ce monsieur dont sa célébrité dépasse les frontières de la Côte d’Ivoire dit mettre tout en œuvre pour sortir Sokouadou de sa léthargie. C’est pourquoi, son équipe et lui sont à pied d’œuvre pour que la fête des ignames (qui se tient chaque décembre)  soit transformée en un véritable carnaval. La vulgarisation de ladite fête permettra à des investisseurs de s’y installer et de montrer la richesse culturelle de Sokouadou, selon lui. 

Aux dires  des natifs, Sokouadou est un village qui dans le Royaume Brong. Il ne mérite pas d’être à ce stade de développement après 62 ans d’indépendance de la d’Ivoire. Pour eux, les Conseils municipal de Tanda et Régional du Gontougo les ont oublié. Ils s’en rappellent à la proche des élections municipales, régionales, législatives et des présidentielles. C’est pourquoi, ils lancent un appel pressant au district du Zanzan (Docteur Touré Souleymane), aux ministères de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, de l’Equipement routier, de la Santé, de l’Hydraulique  et de l’Energie et du Pétrole, en un mot à l’État de Côte d’Ivoire, à se pencher sur la situation de Sokouadou  afin qu’il emprunte le train de l’émergence prônée par le président Alassane Ouatttara.

Une correspondance particulière de Martial Kossonou 

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