Le monde regarde la Côte d’Ivoire





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Après avoir accueilli autant de  personnalités le 8 février à Yamoussoukro autour du Prix Félix Houphouët Boigny pour la paix, la Côte d’Ivoire ne devrait plus faillir à sa propre paix.

Cet évènement qui a mis à l’honneur l’ancienne Chancelière de l’Allemagne, grande puissance européenne, a forcément attiré l’attention du monde. Outre Angela Merkel, cette rencontre a aussi  enregistré la présence d’autres personnalités comme le Président Macky Sall président de la République du Sénégal, président en exercice de l’Union Africaine également  représentant d’Abdou Diouf le parrain du prix,Umaro Sissoco Embalo Président de la Guinée Bissau, président en exercice de la CEDEAO, le Président du Ghana Nana Akufo-Addo,le Président du Libéria George Weah, la Directrice de l’Unesco Audrey Azouley…Mais aussi et surtout les anciens chefs d’Etat ivoiriens Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo. Car, au-delà de la série d’allocutions qui ont ,les unes après les autres, rappelé l’importance de la paix, cette présence de ces deux ex-Présidents aux côtés de l’actuel, Alassane Ouattara, a été un symbole de paix très fort envoyé par la Côte d’Ivoire au monde entier.

Toutefois, comme l’a préconisé Henri Konan Bédié protecteur du Prix Félix Houphouët Boigny pour la paix, le pays  initiateur de ce prix a lui-même besoin d’être un véritable modèle de paix en réussissant « un dialogue franc et sincère entre tous ses fils et filles pour construire une paix durable au service du bonheur de ses populations et de celles de l’Afrique de l’Ouest ».

En effet, si certains Ivoiriens, parce que favorables aujourd’hui au régime en place, estiment qu’une paix totale règne en Côte d’Ivoire et ne veulent pas entendre que les Ivoiriens ont encore besoin de se réconcilier entre eux, il est indéniable que de grandes poches de rancœurs subsistent suite aux crises électorales de 2010-2011 et de 2020. Des civils ou militaires mis aux arrêts à l’occasion de ces crises sont toujours en prison et leur libération est une attente majeure de l’opposition. Par ailleurs, des proches de l’ex-Président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro sont incarcérés depuis 2019 pour des raisons politiques. Le leader de Générations et Peuples Solidaires (GPS) lui-même condamné à la prison à vie, est contraint à l’exil avec d’autres proches dont certains sont visés par des poursuites judiciaires. Par ailleurs, comme Guillaume Soro, l’ex-Président Laurent Gbagbo, l’ancien leader des ‘’jeunes patriotes’’ Charles Blé Goudé ont été déchus de leurs droits civils après avoir écopé de décisions de condamnation rendues par la justice ivoirienne. Ces leaders, potentiels candidats à la prochaine élection présidentielle accepteront-ils d’être empêchés d’être candidats ? Leur exclusion de cette élection ne va-t-elle pas provoquer une nouvelle crise ? Devant un tel tableau, ignorer la nécessité d’un dialogue franc et sincère et la nécessité de faire des sacrifices pour résoudre ces questions et permettre le retour de Guillaume Soro en Côte d’Ivoire, c’est faire preuve de zèle. Un zèle aveugle qui peut replonger le pays dans de sombres évènements comme ce fut le cas en 1999, en 2002 ou en 2020.

Pourtant, la Côte d’Ivoire n’a pas le droit de redonner une si triste image au reste du monde après celle qu’elle a montrée le 8 février dernier.

Cissé Sindou                

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