Le carême chrétien et le jeûne musulman : sens et signification pour le vivre ensemble





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Depuis plusieurs années, le carême chrétien fixé par le calendrier grégorien (fixe et figé), chevauche avec le jeûne du Ramadan fixé par le calendrier musulman (mouvant).

Pour le carême chrétien, selon une recommandation biblique, c’est 40 jours pour reproduire la souffrance du Christ dans son combat contre Satan dans le désert égyptien.

Pour le jeûne musulman, il s’agit d’une recommandation pour se rapprocher du seigneur, le créateur du monde, afin de se faire pardonner.

Pour cela, dans un cas comme dans l’autre, il y a privation et abstinence, prière et recueillement, solidarité et offrandes.

Ainsi, dans Esaie chapitre 58 verset 6-12, il est écrit :

7 Partage ton pain avec celui qui a faim, Et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile ; Si tu vois un homme nu, couvre-le, Et ne te détourne pas de ton semblable.

8 Alors ta lumière poindra comme l'aurore, Et ta guérison germera promptement ; Ta justice marchera devant toi, Et la gloire de l'Eternel t'accompagnera. 9 Alors tu appelleras, et l'Eternel répondra ; Tu crieras, et il dira : Me voici! Si tu éloignes du milieu de toi le joug, Les gestes menaçants et les discours injurieux,

10 Si tu donnes ta propre subsistance à celui qui a faim, Si tu rassasies l'âme indigente, Ta lumière se lèvera sur l'obscurité, Et tes ténèbres seront comme le midi.

 12 Les tiens rebâtiront sur d'anciennes ruines, Tu relèveras des fondements antiques ; On t'appellera réparateur des brèches, Celui qui restaure les chemins, qui rend le pays habitable. »

Dans le livre saint des musulmans, on retrouve le même esprit :

1- « Les hommes et les femmes qui font don d’aumônes, et qui ont consenti à Allah un prêt de bonne volonté, seront remboursés au centuple, et ils auront rémunération généreuse. » (Coran 57/18)

2- « Ceux qui, de nuit et de jour, en secret et ouvertement, dépensent leurs biens (dans les bonnes œuvres), ont leur salaire auprès de leur Seigneur. Ils n’ont rien à craindre et ils ne seront point affligés. » (Coran 2/274)

3- « Et toute dépense que vous faites dans le bien, Il la remplace, et c’est Lui le Meilleur des donateurs ». (Coran 34/39)

4- « Celui qui fait quelque bien dans ce mois (Ramadan) aura la même récompense que celui qui accomplit un devoir obligatoire en dehors de ce mois ; et celui qui s’acquitte d’un devoir obligatoire pendant ce mois est comparable à celui qui accomplit 70 fois le même devoir obligatoire durant un tout autre mois ! »

Ainsi, on peut affirmer avec preuves que la majorité des Ivoiriens partage en commun le carême et le jeûne. Même au sommet de l’Etat ivoirien, depuis le président Houphouët-Boigny jusqu’à Alassane Ouattara, tous, sans exception, accompagnent les communautés musulmanes et chrétiennes pendant le mois de Ramadan et la période du carême. Mais pourquoi cette constance à travers le temps et à travers les pouvoirs successifs ?

A mon sens, en voici les raisons :

1-       Le sang qui coule dans les veines des Ivoiriens n’est ni chrétien, ni musulman

2-       L’air que nous respirons n’est ni chrétien, ni musulman

3-       Les routes et les ponts que nous empruntons ne sont ni chrétiens, ni musulmans

4-       Les maladies qui nous frappent indifféremment ne sont ni chrétiennes, ni musulmanes. Le passage de l’ouragan Covid nous a démontré que nous sommes égaux devant les fléaux naturels.

5-Les prix pratiqués dans les marchés ne sont ni chrétiens, ni musulmans

Autrement dit, nous avons en commun, l’essentiel de nos vies, de nos valeurs et de nos croyances fondamentales. Et justement, le premier président de la République de Côte d’Ivoire avait parfaitement compris les réalités intangibles, incontournables, irréversibles et irrésistibles.

C’est pourquoi autour du président Houphouët, il y avait des chrétiens et des musulmans. C’est pourquoi aussi, il avait décidé de construire la plus grande basilique du monde et la plus grande mosquée d’Afrique à Yamoussoukro. Il a pu construire la basilique mais il n’a pas eu le temps d’agrandir la mosquée de Yamoussoukro comme il le souhaitait. Il n’en demeure pas moins que Yamoussoukro reste le sens de la coexistence du Christianisme et de l’Islam.

Aujourd’hui encore, le président actuel, musulman, et son épouse Dominique, catholique, continuent dans les pas du père-fondateur Félix Houphouët Boigny. Le temps du Carême et la période du Ramadan nous rappellent que nous devons vivre ensemble en toute harmonie et surtout dans la solidarité pleine et entière.

Quels que soient les intérêts politiques et politiciens, n’oublions jamais ce qui nous unit au-delà de nos divergences passagères. La politique est un simple instrument pour construire notre environnement. Il faut « dépolitiser la politique » par le Carême et le Ramadan. Il faut convertir les hommes politiques par le Carême et le Ramadan.

Vive le Carême, vive le Ramadan ! Que Dieu nous bénisse.

Amen & Amina

Fatim Djamila

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