La grande insalubrité ivoirienne





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Pour être un beau pays, la Côte doit être d’abord un pays propre. Il y a environ un an, une nouvelle route bitumée de deux fois deux voies a été ouverte à la circulation entre le château d’eau et le CHU d’Angré. Malheureusement, cette nouvelle route est déjà envahie par le sable et des ordures. Elle est si sale qu’on croirait qu’elle existe depuis plusieurs années.

Ce constat fait dans la commune huppée de Cocody, montre à quel point l’insalubrité est endémique en Côte d’Ivoire. En effet, hormis quelques boulevards assez propres des communes du Plateau et de Cocody, il est rare de parcourir une route bitumée ivoirienne non jonchée d’ordures de tous genres : sachets plastiques, papiers, morceaux de bois, de fer… Dans certains quartiers, à ce décor déjà insalubre, s’ajoute un autre plus dégueulasse : des routes traversées en permanence par des eaux usées nauséabondes.

Des eaux qui finissent par dégrader totalement le bitume, et créer de grands trous en pleins milieux de chaussées, rendant difficile voire impossible la circulation comme c’est aujourd’hui le cas de la voie qui relie le quartier Kennedy au Lycée Moderne d’’Abobo. Les villes de l’intérieur n’échappent pas à ce paysage déshonorant pour la Côte d’Ivoire. Car, pas plus tard que la semaine dernière, de passage à Yamoussoukro, nous avons été attristés d’observer des routes sales de la capitale politique. Pareil dans la grande ville de Bouaké.

Ne l’oublions pas, ces villes, et d’autres comme San Pedro, et Korhogo vont abriter, en même temps que la ville d’Abidjan, des matchs de la prochaine édition la Coupe d’Afrique des Nations de football organisée par la Côte d’Ivoire. Allons-nous accueillir nos hôtes dans des cités si insalubres ? Pourquoi notre pays est si sale ? Le constat est clair et parlant : la présence récurrente de montagnes d’ordures dans des centres-villes comme nous avons pu le voir à N’Douci ou à Akoupé, montre à elle seule les limites de la politique nationale de gestion des ordures. Qui collecte les ordures auprès des ménages ? Qui les transporte vers les sites de groupage ? Qui les déplace des sites de groupage ? Pourquoi de nombreuses voies de grande circulation aussi bien à Abidjan qu’à l’intérieur du pays ne sont pas régulièrement nettoyées ? C’est le lieu de rappeler que les collectivités territoriales, censées jouer un rôle opérationnel dans cette activité parce que très proches des populations, ont connu des bouleversements au gré des mutations institutionnelles.

Trois grandes périodes ont vu s’ajuster le rôle de la commune en matière de gestion de l’environnement. La première est caractérisée par la politique interventionniste de l’Etat avec le monopole de la Sitaf à Abidjan et de la Sitrane à Bouaké. Pendant la deuxième période, la maitrise d’ouvrage de l’enlèvement des déchets ménagers est confiée aux autorités décentralisées à partir de 1980 avec une concession du service public aux deux prestataires susmentionnés. La filière de la collecte des déchets se libéralise par la suite, à travers l’ouverture de l’activité à plusieurs opérateurs privés.

La dernière phase court depuis 2007 où l’on a assisté à nouveau à une recentralisation du service de collecte des déchets ménagers, successivement aux mains de l’Anasur et de l’Anaged. Désormais, la maitrise d’ouvrage de la gestion de l’environnement échappe, du moins juridiquement, aux autorités municipales. Beaucoup de reformes pour un résultat qui reste encore peu reluisant.

Cissé Sindou

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