Le juge Sabassy Faye, comme Epiphane Zoro





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Quand un juge décide de dire le droit, rien que le droit, rien ne peut l’arrêter.

C’est un véritable revirement qui vient de se produire dans le bras-de-fer judiciaire qui oppose le gouvernement sénégalais et l’opposant Ousmane Sonko.

En effet, à la surprise générale, un magistrat d’un tribunal d’instance de Ziguinchor a ordonné jeudi dernier qu’Ousmane Sonko soit rétabli sur les listes électorales dont il a été radié. Le juge a estimé que le président de Pastef (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité) n’aurait pas dû être radié de ces listes comme ce fut le cas en août dernier. Cette décision fait suite à un recours déposé devant le tribunal de Ziguinchor, entre autres.

Ce qu’il est important de relever ici, c’est la rareté de ce genre de décision dans le traitement des dossiers Sonko par la justice sénégalaise. Jusque-là, presque toutes les décisions rendues par cette justice ont été plutôt défavorables à l’ennemi juré du pouvoir sénégalais. Un chorus qui était de nature à susciter des interrogations sur une impartialité réelle de tous ces magistrats dans le rendu de leurs décisions. Un juge du Sénégal peut-il rendre un verdict sur une base autre que le droit ?

A entendre les avocats de l’Etat du Sénégal, cela n’est pas à exclure. Car, ce sont ces avocats, comme s’ils prévoyaient que la décision du juge ne leur serait pas favorable, ont tenté sans succès, de remettre en cause la compétence du juge de Ziguinchor à statuer sur le dossier Sonko, au motif qu’il aurait des liens de parenté avec l’intéressé. Ils ont certainement évoqué le principe de droit qui proscrit tout lien de parenté entre un juge et une partie dans une affaire sur laquelle il doit statuer.

Mais, si l'on reste dans leur logique d’avoir voulu coûte que coûte faire retirer ce dossier Sonko au magistrat Sabassy Faye, puisque c’est de lui qu’il s’agit, on pourrait déduire que les décisions rendues par des juges à Dakar sont le fruit d’un lien entre les juges qui les ont rendues et le pouvoir de Macky Sall, bénéficiaire desdites décisions, que ce lien soit familial ou politique. Quoi qu’il en soit, la décision du magistrat Sabassy Faye, est historique et témoigne de son courage. Son verdict, qui a eu l’effet d’un tonnerre dans ce conflit politique au Sénégal, fait penser à un certain Epiphane Zoro Bi Ballo.

 En septembre 1999, alors en poste à Dimbokro, ce magistrat ivoirien avait délivré à Alassane Ouattara un certificat de nationalité ivoirienne, ce « petit papier » qui lui était ironiquement réclamé par le régime de Konan Bédié, avec la conviction qu’aucun juge n’était capable à l’époque de signer un tel document au profit du président du RDR.

Certes, l’obtention de ce certificat (aussitôt annulé par une juridiction supérieure) n’aura pas immédiatement permis à l’actuel chef d’Etat ivoirien de devenir candidat à l’élection présidentielle, mais sa délivrance a été un tournant dans le combat de Ouattara face au régime Pdci qui voulait l’écarter du jeu électoral par tous les moyens. Elle a, en effet, beaucoup contribué à mettre à nu aux yeux du monde entier, les relents politiques de l’acharnement judiciaire dont il faisait l’objet. C’est pareil aujourd’hui dans le cas Sonko. Affaire à suivre.

Cissé Sindou

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