Israéliens et Palestiniens : plutôt que la guerre, faites l’amour





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C’est sans doute la chanson la plus populaire et la plus chantée au monde par les gros bonnets : le conflit israélo-palestinien. Et son célèbre refrain, la solution à deux Etats, l’est tout autant. Elle est si belle à entendre et si douce dans les tympans que tout est mis en œuvre pour sa pérennité avec chaque fois de nouvelles sonorités toujours plus fringantes. Vieille de 86 ans (elle a été proposée la toute première fois en 1937), elle revient sans cesse sur les tablettes des décideurs lorsque l’adrénaline monte dans cette partie du globe mais jamais imposée comme solution finale.

Pourtant derrière cette musiquette pétulante à l’élégance coquette se cachent des drames, une horreur et de l’effroi. Qui ne sait, depuis au moins 76 ans, que les peuples palestiniens et juifs qui devraient vivre en symbiose mènent plutôt une vie de chat et de chien ? Et que souvent, très souvent, les matins au réveil, les cadavres d’amis, de frères et sœurs se ramassent derrière les fenêtres et jonchent les rues du quartier de la ville ? Et ça continue. Et ça va de mal en pis. Parce que dans le même temps, la chanson se pare de plus beaux habits pour mieux passer dans certaines oreilles. Et on la reprend. « Conflit israélo-palestinien : il faut une solution à deux Etats ».

Si la première fois en 1937, la solution à deux Etats a été refusée par les Palestiniens parce que nouvelle et bouleversante, les guerres qui ont suivi et les négociations âpres menées par de bonnes volontés ont fini par convaincre les Arabes de la nécessité de s’engager dans un processus de paix avec le voisin. Mieux, d’accepter cette solution de consensus à « deux États, Israël et la Palestine (…) côte à côte à l'intérieur de frontières sûres et reconnues » pour la sécurité et la paix de toute la région.

Cela est d’autant remarquable que dans les faits, les Juifs ne peuvent plus quitter le territoire pour un nouvel exil et que, comme le rappelle un confrère français, « En matière de frontières, le consensus international est de revenir à la ligne verte, soit aux délimitations d’avant la guerre des Six jours de 1967 qui a opposé Israël à l’Égypte, la Jordanie et la Syrie. L’État palestinien se composerait de la Cisjordanie, de la bande de Gaza, et aurait Jérusalem-est comme capitale ».

Sauf que depuis le début de ces négociations, plusieurs accords ont été trouvés qui n’ont jamais connu un réel début de mise en route. On peut citer la résolution des Nations unies de 1974, la conférence d’Annapolis en novembre 2007 qui propose la création de deux États distincts « dans la région géographique de Palestine », l’un arabe et l’autre juif. On peut citer surtout la dernière résolution des Nations unies de novembre 2013 adoptée par 165 voix contre 6, avec 6 abstentions. Cette résolution qui n’a pas eu le soutien d’Israël et des États-Unis posait comme principe que les frontières de l'État de Palestine seraient « fondées sur les frontières d'avant 1967 », c’est-à-dire la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est avec la vieille ville.

Selon plusieurs spécialistes du proche orient, ce marquage des frontières des deux Etats palestinien et israélien a de réels avantages. Non seulement il impose la paix mais il met chaque Etat devant ses responsabilités. De sorte que chaque fois qu’il y aura violation d’un quelconque principe, l’Etat violateur sera responsable et fera face à la communauté internationale. Par ailleurs, comme les peuples palestiniens et israéliens sont des peuples frères, leurs Etats seront dans l’obligation de signer des accords de coopération et de bonne entente comme cela se passe entre Etats indépendants et souverains.

Une solution rejetée malheureusement par l’Etat hébreu, préférant continuer sa colonisation en grignotant chaque jour davantage les territoires palestiniens au motif sans doute pertinent que sa sécurité en dépend. Tenez ! Selon des chiffres disponibles, « entre les accords de paix d’Oslo (1993) et 2021, le nombre de colons israéliens a quadruplé en Cisjordanie, passant de 116 300 à 465 400 ». On le voit bien. Le but visé par ces colonies qui ont sans cesse grignoté le territoire palestinien est d’éloigner la solution des deux États pour que l’on continue, à travers le monde, de fredonner sans suite logique la chansonnette « Conflit israélo-palestinien : la solution à deux Etats ».

Avec l’incursion barbare du Hamas en terre israélienne pour y semer terreur et horreur et la riposte tout aussi barbare et sauvage de l’Etat d’Israël, bien des spécialistes ne croient plus du tout à une solution à deux Etats. Du moins pensent-ils qu’elle s’éloigne pour le bonheur des guerroyeurs restés au Moyen-Age et le malheur de ces peuples palestiniens et israéliens dont un sondage dit clairement qu’ils sont pour la paix au moyen de la solution à deux Etats.

Dans la recherche d’une solution à ce qui peut être appelé blocage, des voix s’élèvent pour proposer un Etat bi-national, un seul État mixte, où coexisteraient Juifs et Arabes, avec des droits égaux. « Un seul et même État pour deux peuples, dotés des mêmes droits politiques, des mêmes protections juridiques, des mêmes droits sociaux, voilà la seule et unique solution à ce conflit de 70 ans ».

Pour notre part, il n’y a rien ici qui puisse être impossible s’il y a la volonté manifeste de part et d’autre d’arriver à une bonne solution. Et les manivelles à utiliser pour booster l’entrain des uns et des autres sont nombreuses et diverses. Le principe de départ devrait être qu’on ne fait pas la paix avec son ami mais bien avec son ennemi. Si ce principe est accepté par toutes les parties au conflit, le reste ne coulera que de source. La preuve la plus parfaite est le mariage intervenu entre la France et l’Allemagne après des guerres d’hégémonie et d’occupation notamment dans la première moitié du XXè siècle. Ne dit-on pas aujourd’hui qu’en Occident, ces deux pays forment le couple parfait qui conduit l’Europe toute entière ?

La solution à deux Etats est encore possible. Bien que les derniers événements en cours autorisent un pessimisme des plus sourds, il faut utiliser toutes les voies possibles pour retrouver la table de discussions. Les dirigeants de pays arabes d’un côté et ceux des pays occidentaux de l’autre côté ont encore parmi eux des têtes sensées pour y penser et concevoir une stratégie globale avec un objectif clair : l’arrêt des morts et des dégâts matériels afin de donner force et sens à la vie. Ainsi, à la suite du poète-chanteur, nous entonnons : plutôt que de faire la guerre et compter des morts, Palestiniens et Israéliens pourront faire l’amour pour redonner vie à la vie.

Abdoulaye Villard Sanogo

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