Amadou Dégoga (président des vidangeurs de Côte d’Ivoire) : « La Can arrive, il faut que le pays soit propre… »





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Amadou Degoga, président de la fédération ivoiriennes des acteurs de l'assainissement



Amadou  Dégoga est le président de Fédération ivoirienne des acteurs de l’assainissement en Côte d’Ivoire (Fiaa). Nous l’avons rencontré à l’occasion du séminaire sur le financement des acteurs d’assainissement initié par le projet Wash pour les municipalités (MuniWash). Il a accepté de nous parler de ce secteur encore méconnu des populations.

Dans l’imagerie populaire, quand l’on parle de vidangeur, l’on pense tout de suite aux gros camions qui circulent dans les rues d’Abidjan pour vider les fosses septiques. Vous qui êtes dans le domaine, comment définissez-vous un vidangeur?

Un vidangeur, c'est celui qui travaille sur les fosses septiques ou qui cure les caniveaux. Par la suite, la boue est récupérée par les camions qui vont la déverser sur des sites bien indiqués. Il existe deux types de vidange qui sont : la vidange manuelle et la vidange mécanique.

Quelle est la différence entre celui qui fait la vidange manuelle et celui qui fait la vidange mécanique ?

La vidange est réalisée lorsque l'on n'a pas de pompe motorisée. Il s’agit des hommes qui rentrent dans les fosses avec des seaux. Elle peut être hygiénique si les vidangeurs possèdent un équipement de protection adéquat, s'ils n'ont aucun contact avec les boues et assurent un nettoyage final du site d'intervention. Mais malheureusement, le constat est que des fois, les vidangeurs n’ont pas le matériel qu’il faut et après, ils creusent des trous pour vider la boue. Ce qui n’est pas conseillé. De l’autre côté, la vidange mécanique est faite par les camions, avec des tuyaux qu’on plonge dans les fosses pour aspirer les boues. Les travailleurs ne rentrent pas dans les fosses, ils tirent et nettoient les espaces.

Il y a donc des techniques pour être un bon vidangeur. Faites-vous des formations pour cela ?

Avant, il n'y avait pas de formation. Les travailleurs apprenaient sur le tas. Ils n’avaient pas forcément les bonnes techniques. Ce qui faisait beaucoup de victimes, car souvent, les travailleurs étaient étouffés et mouraient dans les fosses. Mais aujourd'hui, grâce à l'Office national de l’assainissement et du drainage (Onad), nous avons des formations. Nous faisons de la sensibilisation pour que les travailleurs viennent se former. Ce qui fait qu’il y a moins de morts dans nos rangs.

Combien d’organisations avez-vous dans votre fédération ?

Nous avons à peu près 200 associations à travers toute la Côte d'Ivoire. Ce sont entre autres les entreprises, les propriétaires de camions et les vidangeurs manuels.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez?

La première difficulté, c’est la méconnaissance du secteur par des gens qui rentrent dans les vidanges alors qu’ils ne sont pas informés. Ensuite, notre secteur souffre du manque de moyens financiers pour avoir de bons véhicules afin de mieux travailler. Et puis, à cause des embouteillages, nous ne pouvons pas faire plusieurs voyages dans la même journée. Un camion peut passer toute la journée sur un seul voyage. Nous n’avons pas d’espaces pour garer les camions dans les quartiers. Les camions viennent tirer la nuit et on vient verser quelque part pour partir. Or, si on avait un coin où tous les camions se garaient, on allait pouvoir avoir un regard sur nos membres afin d’éviter qu’ils déversent les boues n’importe où. Mais actuellement on ne peut pas contrôler. Nous sommes aussi victimes de racket de la part des forces de l’ordre. La police et la gendarmerie nous fatiguent trop. On ne peut pas travailler tranquillement.

En général, les vidanges coûtent combien ?

Les prix dépendent des quartiers, de la distance et de la capacité des camions.

Nous avons appris que les vidangeurs ont beaucoup d'argent, mais vous demandez à l'Etat de vous aider. Comment cela peut se faire ?

C’est vrai pour les vidangeurs qui ont des camions neufs. L'Etat avait payé des camions à l'ONAD pour nous les partager mais nous n’en avons pas eu. Nous continuons de chercher les moyens pour que le secteur soit autonome.

Avez-vous un message à passer ?

La CAN arrive, il faut que le pays soit propre. Il ne faut pas que l'eau coule partout. Et c'est cela notre travail. Mais il faut qu’on ait les moyens pour pouvoir contrôler tout cela.

Réalisée par Solange ARALAMON

Coll : Sonia Fêtè

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