Gagnoa : le président de la mutuelle de Dougroupalégnoa donne sa version du conflit communautaire





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« J’ai suivi cette affaire depuis hier à 21h. Un allogène a été mortellement atteint par balles. On déplore aussi deux blessés graves parmi les jeunes Bété. Ils ont été fusillés par les jeunes de la communauté Baoulé totalement incontrôlables, ce matin. Mais déjà hier, dans la nuit, un jeune de Dougroupalégnoa a été blessé. Aujourd’hui, ce sont plusieurs maisons des populations autochtones qui ont été incendiées. Actuellement, les militaires sont au village. Ils ont dit qu’ils vont faire deux jours ou deux semaines de couvre-feu. Enfin, je ne sais plus trop ».

Celui qui parle ainsi est M. Benjamin Gnessoté Agui. Il est le président de la Mutuelle de développement économique et social de Dougroupalégnoa (MUDESDO) que nous avons joint par téléphone, il y a quelques instants.

Et le président de la Mutuelle de raconter qu’il s’agit d’une affaire qui a opposé, dans la nuit du mercredi 25 au jeudi 26 octobre 2023, les jeunes du village. Et comme jusque tard dans la nuit les palabres n’en finissaient pas, les gens du village ont pris les jeunes issus de la communauté sœur baoulé surexcités et les ont gardés chez une dame du village, le temps d’avertir leur chef de communauté afin qu’il vienne les raisonner et que le calme revienne au village. Mais contre toute attente, explique notre interlocuteur, ces jeunes en colère sont revenus sur les lieux et se sont attaqués aux jeunes du village.

Cette nuit-là, raconte-t-il, un jeune de Dougroupalégnoa du nom de Sinclé a été grièvement blessé par un jet de pierre. Le chef de village, absent pour un problème de santé, a été informé aux environs de 23h. A son tour, il a saisi le commandant de brigade de gendarmerie de Gagnoa à qui il a demandé d’envoyer des éléments à Dougroupalégnoa mais ce dernier ne l’a pas fait.

Malheureusement, a-t-il continué, la communauté allochtone a répondu par des armes à feu et des armes blanches à la convocation du chef de village résident, Alexis Zabo, qui voulait en savoir davantage sur ce qui oppose les jeunes du village. Selon des témoignages recueillis sur place, le sous-préfet de Gagnoa sous-préfecture, venu aux nouvelles, a été aussi blessés par ces mêmes jeunes surexcités.

Pour l’heure, nos efforts pour avoir la version des faits d’un représentant de la communauté Baoulé sont, pour l’instant, restés vains. Et au moment où nous mettions sous presse, les populations autochtones étaient en train de déserter Dougroupalégnoa pour trouver refuge dans les villages environnants. La tension reste toujours vive.

Modeste KONÉ

(coll. Robert Krassault)

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