Univers des morts (Actes 4) : une morguière professionnelle à cœur ouvert sur les réalités de son activité





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la morguiere d'issia qui a livré des secrets sur son activité



Notre incursion dans l'univers des morts nous a conduits à faire un tour le jeudi 22 août 2024 dans la morgue du village de Tapéguia, une localité située à une dizaine de kilomètres de la ville d'Issia sur la voie menant à Gagnoa.

La patronne des lieux n'a pas jugé indélicat de recevoir dans son lieu de travail. Bref, c'est au sein de la morgue que notre équipe de reportage a échangé avec elle. La native de Soubré a tenu à lever un coin de voile sur les circonstances de son entrée dans ce milieu. « Tout est parti d'une séparation entre mon conjoint et moi. J'ai été contrainte à trouver refuge chez une amie qui bossait à l'époque dans une morgue de la place. Progressivement, elle m'a convaincu de suivre ses traces au regard de mes nombreuses difficultés. J'ai donc commencé en tant que laveuse des corps sans vie » a-t-elle expliqué d'entrée. Son choix de faire le même métier que sa camarade a été judicieux au fil du temps. « Je percevais la somme de 3000 FCFA chaque fois que je lavais un corps. J'ai réussi avec ma paye à faire face à mes besoins et à prendre soin de ma petite famille », a-t-elle détaillé. Notre interlocutrice à ses débuts à fait l'expérience de l'adage qui dit que tout travail fait avec hargne débouche sur une promotion. « A mes débuts, je n'étais pas autorisé à faire le formol aux corps que nous recevions dans la morgue où j'ai commencé. Cela n'était pas lié directement à mon statut mais simplement parce qu'il faut avoir un courage d'un certain niveau pour faire le formol à un défunt. De simple laveuse, je suis passée à cette étape après avoir observé longtemps mes collègues hommes qui le faisaient. Ma lettre d'embauche a été signé lorsque mon patron qui était expatrié a appris que j'avais reçu à braver la peur pour faire le formol à un défunt » a-t-elle raconté. Cependant, des raisons qu'elle n'a pas voulu étaler lors de l'entretien ont fait qu'elle a démissionné.

Après un tour en Europe, la jeune morguière est installée à son propre compte à Tapéguia où plusieurs hommes sont à son service. Elle a véritablement acquis de l'expérience. La morguière qui est pour le respect du corps insiste sur sa propriété durant la vie et même dans la mort. « Le corps n'est pas délaissé sous prétexte que nous sommes poussière et nous et nous retournerons poussière. D'ailleurs, les personnes qui s'abstiennent à se laver ont des dépouilles qui sont difficiles à entretenir un peu comme celle des accidentés et des morts en état de putréfaction », a-t-elle expliqué. L'occasion a été belle pour la spécialiste de ce domaine qui brandit fièrement sa carte nationale d'identité avec la fonction de morguière pour mettre fin à des rumeurs et à des préjugés. « Il se raconte que les morguiers opèrent les corps pour en extraire des organes dont l'intestin, le cœur et le poumon pour éviter la putréfaction. Cela est archi faux. Sans une partie du corps, le formol devient difficilement efficace », a-t-elle répondu. Cela précise qu'elle n'a jamais eu recours à des pouvoirs surnaturels pour booster son activité qui lui permet de scolariser ses enfants et apporter son aide à ses parents en cas de besoins.  A l'en croire, ses collègues qui ont vécu malheureux et qui finissent aussi malheureux n'ont pas Dieu pour appui dans les affaires. « La propriété est le premier critère à respecter en tant que morguier pour avoir la paix auprès des morts qui selon la tradition africaine nous observent » a-t-elle conseillé.

Notre équipe de reportage à la morgue après une visite sans pour autant ouvrir l'un des casiers a rencontré la peur.

Bientôt, nous irons à la rencontre d'un instituteur retraité spécialisé dans l'animation des funérailles  à Gagnoa.

Touré Boa  

Correspondant régional



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