Dissolution de toutes les associations syndicales estudiantines : comme l’hydre, la FESCI pourra-t-elle ressortir la tête ?





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La FESCI pourra-t-elle se retrouver après l’arrestation de son secrétaire général Kambou Sié ?



L’actualité du milieu universitaire est marquée, depuis la semaine dernière, par la dissolution de toutes les organisations syndicales estudiantines. Cependant, c’est la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) qui suscite de nombreuses interrogations. Habitué à être dissous, ce syndicat estudiantin a toujours su renaître de ses cendres pour revenir encore plus aguerri sur le devant de la scène. Comme l’hydre de Lerne, lorsqu’on lui coupe la tête, deux autres plus fortes et plus redoutables lui poussent toujours à la place. L’histoire en témoigne.

Avant d’examiner le comportement de la FESCI face à l’adversité, il est bon de connaître le mythe de l’hydre de Lerne pour comprendre la comparaison faite avec ce syndicat, dont le premier secrétaire fut Martial Ahipeaud. L’hydre de Lerne est un animal mythique plus connu grâce aux douze travaux d’Héraclès (Hercule dans la mythologie grecque), fils du dieu Zeus et d’Alcmène, une mortelle. Dans un accès de folie, ce dernier tua sa femme et ses enfants. Cherchant l’expiation, Eurysthée, ennemi d’Héraclès car il occupait le trône de Tirynthe, de Mycènes et de Midée, promis à ce dernier par Zeus, lui impose douze travaux, dont le deuxième est de tuer l’hydre de Lerne, un monstre ayant la particularité d’avoir plusieurs têtes. Lorsqu’on coupe l’une d’elles, deux autres poussent à sa place. C’est là sa force. Seule l’une d’elles, sa faiblesse, si elle est coupée, tue définitivement le monstre. C’est celle-là qu’Héraclès dut trancher, avec l’aide de Iolaos, pour vaincre l’hydre de Lerne.

Tout au long de son parcours, la FESCI, même en situation défavorable, a toujours su relever la tête avec plus de vigueur et de pugnacité. Ne l’oublions pas, cette fédération est née en 1990 dans la clandestinité avant de s’imposer, bien qu’elle ne soit pas officiellement reconnue. Le 21 juin 1991, la FESCI est dissoute. Son secrétaire général, Martial Ahipeaud, est jeté en prison. Ses membres n’en ont cure et continuent, plus efficacement, leurs activités dans la clandestinité.

En 1997, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Dibonan Koné, après la dissolution de la FESCI, lance une chasse à l’homme contre le secrétaire général de l’époque, Guillaume Kigbafori Soro. On se souvient encore de ses propos : « Dites à Soro, vous qui savez où il se trouve, que la police est à sa recherche. Si je le vois, il ira en prison. La FESCI est dissoute et ne peut décréter une grève. Les étudiants qui veulent suivre l’ex-FESCI nous trouveront sur leur route. Dites-leur que le combat cessera, faute de combattants dans leur camp. » Guillaume Soro, à son tour, répondait à l’autorité gouvernementale : « Allez dire à Dibonan que je le cherche aussi. » Dans cette bataille verbale du « je te cherche, moi aussi », le membre du gouvernement prendra le dessus en présentant, le 4 février 1997, sur les antennes de la télévision nationale, le jeune Guillaume Soro, mis aux arrêts.

Le lendemain de cet élément télévisé, Karamoko Yayoro, qui devient secrétaire général par intérim, déclare dans les journaux de l’opposition : « Comme un aveugle qui tâte la terre avec son bâton pour chercher sa voie, Dibonan Koné avance vers les ténèbres. Il continue avec des arrestations traîtresses et des parades honteuses à la télévision, étalant la petitesse de son être et de son esprit. Comme un poltron au soir d’une victoire volée, Dibonan apparaît devant le peuple ivoirien, inspirant à beaucoup haine, dédain… et insécurité. […] La FESCI est un esprit et va au-delà des hommes. »

La dernière phrase de Karamoko Yayoro révèle toute la capacité de résilience de la FESCI. Au plus fort des crises et des difficultés, cette organisation syndicale est toujours revenue plus forte. Comme l’hydre de Lerne, dont la symbolique est la « résilience face à l’adversité » ou « le concept de chaos difficile à réprimer », la FESCI a toujours, si l’on se fie à son histoire, su s’aguerrir dans la clandestinité et se forger une forte carapace lorsqu’elle est en difficulté. Surtout, elle revient toujours plus exigeante, plus mobilisée et plus agressive dans ses revendications.
Cependant, comme on le dit, les temps évoluent, et les hommes d’hier ne sont pas ceux d’aujourd’hui. La FESCI a-t-elle actuellement les hommes nécessaires pour relever la tête dans la clandestinité et revenir plus forte ? Ou, au contraire, le pouvoir d’Alassane Ouattara a-t-il trouvé la tête de l’hydre de Lerne, qui constitue sa faiblesse, pour mettre définitivement fin à ses jours ? Les jours, les mois, ou peut-être même les années à venir nous le diront.

Modeste KONÉ

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