Ingérence des industries du tabac : la société civile se réjouit d’une éventuelle augmentation du prix de la cigarette





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Tall Lacina, au micro s’insurge contre la promotion du tabac



La société civile, regroupée au sein du Réseau des ONG actives pour le contrôle du tabac en Côte d’Ivoire (ROCTA-CI), a exprimé sa satisfaction face à la probable augmentation du prix de la cigarette, qui pourrait passer de 700 F à 1500, voire 2000 FCFA le paquet.

Il y a peu, un professionnel de l’industrie du tabac s’insurgeait, la Direction générale des Impôts qui, selon lui, prévoit, d'une part, une augmentation des taxes, passant de 49% à 70% des droits d'accises, et, d'autre part, une hausse du prix de vente au détail des produits du tabac, qui pourrait atteindre entre 1500 et 2000 FCFA par paquet.

Ces réformes sont considérées par les industriels du tabac comme « un grand enjeu pour la Côte d'Ivoire », suscitant « un réel problème », et pourraient faire de la Côte d'Ivoire « l’un des pays où les cigarettes sont les plus chères d’Afrique de l’Ouest ». A les entendre, « la fermeture de l’industrie entraînerait une perte d’emplois massive ».

En réponse, Lacina Tall, au nom de la société civile, représentée par le ROCTA-CI, s’est « s’insurgé contre de telles allégations » et appelé la presse à ne pas faire la promotion du tabac et de ses fabricants, au cours d’une conférence de presse tenue samedi 9 novembre 2024 au siège du Programme national de Lutte contre le Tabagisme, l'Alcoolisme, la Toxicomanie et les autres Addictions (PNLTA).

En revanche, le ROCTA-CI se réjouit de la réforme fiscale en préparation et exprime sa profonde gratitude envers le président ivoirien, Alassane Ouattara. Cette mesure, selon Lacina Tall, par ailleurs président du Comité club Unesco universitaire pour la lutte contre la drogue et autres pandémies (CLUCOD), « s’inscrit pleinement dans l’objectif d’accroître les recettes fiscales de la Côte d’Ivoire ».

Ce dernier a ajouté que « cette réforme contribue à la mise en œuvre de la Convention-Cadre de l'OMS pour la lutte anti-tabac (CCLAT) et des lois nationales relatives à la lutte contre le tabac en Côte d'Ivoire, notamment la loi n° 2019-676 du 23 juillet 2019 sur la lutte anti-tabac et la loi n° 2019-677 du 23 juillet 2019 portant orientation de la politique de santé publique. L’article 9 de la CCLAT recommande expressément l’augmentation des taxes sur les produits du tabac. »

Concernant la taxation, les droits d’accises de l’UEMOA fixent un taux minimum de 50% et un taux maximum de 150%. Comparée à certains pays voisins de la sous-région, tels que le Togo (150%), le Ghana (175%) ou le Sénégal (65%), la Côte d'Ivoire n’est donc pas particulièrement désavantagée. Si les marchés de ces pays ne sont pas en train de se déstabiliser, il n’y a donc pas de raison que celui de la Côte d'Ivoire le soit, a rassuré M. Tall, soulignant que l’industrie du tabac fait de la manipulation et de la désinformation.

Une augmentation significative des taxes ne conduira pas à la fermeture de l’unique industrie du tabac ivoirienne, et n’entraînera pas la destruction massive d’emplois ni la mise en péril des moyens de subsistance de nombreuses familles. Selon M. Tall, cette industrie n’emploierait pas plus de 500 personnes. Il a également rappelé que la Côte d’Ivoire enregistre 9111 décès annuels liés à la consommation de tabac et de produits dérivés (Atlas Tobacco, 2018), et que la prise en charge des patients souffrant de maladies liées au tabac coûte à l’État près de 28 milliards de FCFA par an.

Lambert KOUAME

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