Interview/ Tahi Mongnin Pauline (première femme métallurgiste) : « En Côte d’Ivoire, 35 % du sous-sol est minéralisé »





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Mme Pauline Tahi invite les jeunes à s'intéresser au secteur des mines



Madame Pauline Tahi Mongnin  est une figure emblématique du secteur minier en Côte d’Ivoire. Première femme métallurgiste du pays, diplômée de l’École des mines de Marrakech et forte de 32 ans d’expérience, elle s’est imposée comme une experte en chimie industrielle, notamment dans le traitement des minéraux. Présidente d’un réseau de ressources minières, elle incarne la résilience et la passion, brisant les barrières de genre tout en valorisant les richesses naturelles. Le 30 novembre 2024, en marge du Salon international des ressources extractives et énergétiques (SIREXE) qui s’est déroulé au Parc des expositions d’Abidjan, elle a accordé une interview à une équipe de pressecotedivoire.ci. Entretien.

Parlez-nous de votre parcours professionnel.

Après mes études, j’ai eu la chance d’intégrer rapidement le secteur minier. Ma première expérience a été chez Somiafrac, une société minière. J’ai travaillé dur dès le départ, et cela m’a permis de me faire une place dans cet univers exigeant. Depuis, je n’ai jamais connu le chômage. J’ai occupé différents postes, chacun me permettant d’élargir mes compétences. Ce métier est devenu plus qu’une profession pour moi : c’est une passion et, je dirais même, mon destin. Aujourd’hui, avec 32 ans d’expérience, je suis fière d’avoir contribué au développement de cette industrie.

Pourquoi avez-vous choisi ce domaine ?

Cela remonte à mes études. Au départ, j’ai étudié au Maroc. À cette époque, en 1988, on pensait que les métiers du secteur minier étaient sans avenir. Beaucoup disait que c’était un domaine voué au chômage. Malgré cela, j’ai toujours été attirée par le traitement des minerais. Je me souviens d’un cours en particulier, qui expliquait comment extraire un métal à partir d’une roche brute. C’était un moment décisif pour moi, un véritable déclic. J’ai su que c’était ce que je voulais faire. Mes parents, eux, étaient un peu inquiets au départ, pensant qu’il serait difficile de trouver du travail dans ce secteur. Mais ma passion m’a poussée à persévérer.

Est-ce un secteur qui offre des opportunités financières intéressantes ?

Oui, le secteur des mines nourrit son homme. Financièrement, c’est un domaine stable et prometteur. Mais au-delà de l’aspect économique, c’est surtout un métier passionnant. Il y a un véritable plaisir à transformer des ressources brutes en produits exploitables, tout en contribuant au développement économique.

En tant que femme, avez-vous rencontré des difficultés dans ce milieu ?

Oui, absolument. Quand j’ai commencé en 1992, les mentalités étaient encore très conservatrices. Il y avait de la discrimination. Par exemple, lorsqu’une femme donnait son avis, on pouvait entendre des remarques comme : « Qu’est-ce qu’elle peut bien savoir » ?, Mais dans ce secteur, le respect vient avec les résultats. Les investisseurs qui injectent des milliards dans ces projets, attendent des performances. Si vous livrez des résultats, vous gagnez leur respect. Aujourd’hui, je suis fière d’avoir prouvé ma valeur, mais ce chemin n’a pas été facile.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes, en particulier aux jeunes femmes, qui souhaitent se lancer dans ce secteur ?

Je conseille aux jeunes de prendre le temps de découvrir leurs véritables passions et de se donner les moyens de les réaliser. Ce secteur peut sembler méconnu ou intimidant, mais il regorge d’opportunités. Les parents ont aussi un rôle à jouer : ils doivent s’informer sur les métiers du secteur minier pour pouvoir guider leurs enfants. En Côte d’Ivoire, 35 % du sous-sol est minéralisé. Avec le développement du secteur, on prévoit la création de 15 000 emplois dans les deux prochaines années. C’est pourquoi il est essentiel d’adapter les formations aux besoins du marché de l’emploi. Pour les jeunes femmes, je dirais : ne vous laissez pas décourager. C’est un secteur exigeant, mais les résultats en valent la peine. Avec de la détermination et du travail, tout est possible.

Le métier demande-t-il des sacrifices particuliers ?

Oui, ce n’est pas un métier de tout repos. Il est à 80 % physique. Vous travaillez sous la pluie, parfois dans des conditions difficiles. Vous portez un casque, des vêtements lourds, et des chaussures de sécurité qui peuvent peser jusqu’à 5 kilos. Toujours en pantalon, jamais dans des tenues confortables. Mais je crois que c’est la volonté qui fait la différence. Quand vous aimez ce que vous faites, vous trouvez la force de surmonter les obstacles. Ce métier m’a appris la persévérance, et il m’a aussi donné beaucoup de satisfaction.

Quel est votre message pour les générations futures ?

Mon message est simple : trouvez votre passion et donnez-vous les moyens de réussir. Dans un secteur comme celui des mines, il y aura toujours des défis, mais il y aura aussi de grandes récompenses. Soyez curieux, travaillez dur, et surtout, croyez en vos capacités.

Réalisée par Elisa Achi

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