Victimes de Soro ou bourreaux de la paix ?





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Les adversaires politiques de Guillaume Soro ont eu une nouvelle trouvaille pour combattre l’ex-président de l’Assemblée nationale. Mais une trouvaille dangereuse pour la paix en Côte d’Ivoire.

 

Les intrigues pour le faire arrêter dans l’affaire du coup d’Etat manqué au Burkina Faso se sont soldées par un échec. Toutes les manœuvres pour l’éliminer physiquement ou le priver de sa liberté d’aller et de venir restent sans succès. Et malgré les campagnes de diabolisation initiées contre sa personne, sa popularité ne cesse de grimper. Cependant, les adversaires politiques de Guillaume Soro ne démordent pas. Sans doute confondus par ses sorties récurrentes où il rappelle avoir joué un rôle déterminant dans l’avènement d’Alassane Ouattara au pouvoir, la nouvelle idée trouvée pour faire taire l’ancien Secrétaire général des ex-Forces nouvelles semble être ce mouvement appelé « Victimes de Guillaume Soro » (VGS). Une structure dit-on de droit français créée en mai 2019 en France, « pour réclamer justice pour les victimes de la rébellion de septembre 2002 en Côte d’Ivoire ». Ce mouvement présidé par un certain Doumbia Kader, annonce une conférence de presse aujourd’hui même à Abidjan.

Pourtant, le timing de cette sortie ne laisse personne incrédule.

Ce groupuscule va beau s’en défendre, il ne réussira pas à nous convaincre de ce qu’il n’est pas en mission pour le pouvoir Rhdp qui a pour principal opposant politique l’ancien président de l’Assemblée nationale, depuis le refus de celui-ci d’adhérer au parti unifié, puis sa démission du perchoir le 8 février 2019.

 

Se faisant passer pour des victimes de Guillaume Soro, les promoteurs de cette structure deviennent en réalité des bourreaux de la réconciliation et de la cohésion nationale. Pour des prébendes venant de mains occultes aux desseins politiques inavoués, ils ont accepté de remuer le couteau dans la plaie de cette crise de 2002 non encore cicatrisée. En plus d’être non crédible parce qu’elle personnalise le sujet en ciblant Guillaume Soro, leur démarche est de nature à réveiller la haine qui sommeille encore en certains Ivoiriens contre l’ancien leader des ex-Forces nouvelles, mais au-delà, la haine de certains Ivoiriens contre d’autres Ivoiriens. En somme, elle est de nature à raviver les divisions qui ont donné naissance à cette rébellion dans laquelle toute une partie des citoyens ivoiriens s’est reconnue.

17 ans plus tard, et après tant de chemin parcouru sur la voie de la réunification et du pardon, une association de victimes contre la seule personne de Guillaume Soro est-elle salvatrice ? Pourquoi se catégoriser en tant que victimes alors que dans l’intérêt national, un processus de prise en compte de toutes les victimes existe ?

 

On savait Alassane Ouattara et son régime prêts à tout pour combattre l’ancien chef du Parlement ivoirien, mais pas une action aussi dangereuse pour la paix. Une paix que la Côte d’Ivoire peine à retrouver après la grave crise qui l’a déchirée.   

Persuadés de la protection dont bénéficie les auteurs de la rébellion armée de 2002 grâce à une loi d’amnistie prise en Côte d’Ivoire depuis 2007 au nom de la paix, les acteurs et commanditaires de ce mouvement espèrent certainement réussir des poursuites contre Guillaume Soro hors de la Côte d’Ivoire. Mais avant, ont-ils pris le temps de réfléchir aux conséquences d’une telle éventualité ? Peut-on poursuivre Guillaume Soro pour cette rébellion armée sans que ne soit inquiété Alassane Ouattara installé au pouvoir après un ultime assaut sur Abidjan des soldats venus du Nord du pays ? Doumbia Kader et ses camarades devraient encore y réfléchir.

Cissé Sindou               

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