Où sont les dons de l’Etat ?





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Dans la crise du coronavirus en Côte d’Ivoire, on assiste plus à du folklore qu’à de véritables actions sociales.

Qui sont les personnes les plus impactées par la crise sanitaire du coronavirus ? Combien sont-elles ? Où vivent-elles ? Quels sont leurs besoins les plus urgents : des denrées alimentaires ? Des produits d’hygiène ? Ces populations bénéficient-elles équitablement des dons distribués ? Nos autorités n’ont pas de réponses précises à ces questions. Conséquence, la campagne de collecte et de distribution de matériels sanitaires et de produits alimentaire improvisée depuis quelques semaines va dans tous les sens. Tout le monde donne tout à tout le monde sans qu’on ne sache réellement qu’est-ce qui va où ? Certainesorganisations politiques, des entreprises, offrentdes vivres et produits d’hygiène à des cibles choisies par eux-mêmes. Ainsi assistons-nous à un défilé de donateurs dans le milieu estudiantin ou auprès d’autres couches sociales.

D’autres préfèrent remettre leurs contributions aux autorités avec l’espoir qu’ils seront redistribués à qui de droit. Le ministère de la Santé et celui de la Solidarité sont les principales destinations de ces dons en nature ou en espèces remis à grand renfort de publicité. Toutefois, les apports reçus par ces ministères ne viennent pas que de structures non étatiques. Tous les soirs, la télévision publique diffuse des comptes-rendus de remises de chèques ou autres matériels gracieusement offerts par des institutions publiques. L’Assemblée nationale, le Sénat, le Conseil économique, socialenvironnemental et culturel,et d’autres structures étatiques se sont succédé dans ce ballet de généreux. On se croirait devant un rituel. Cette curieuse série de dons d’institutions publiques aux autorités gouvernementales laisse aussi entrevoir une sorte de mimétisme entre ces institutions. Et les grands moyens de communication déployés pour faire connaître ces actions du public, mais aussi et surtout du sommet de l’Etat laissent croire que les membres de ces institutions cherchent plus à se mettre à l’abri d’éventuelles représailles contre ceux qui resteront en marge de cet élan de solidarité, qu’à poser de réels actes de charité. Le hic ici, c’est qu’il n’y a pas de véritables dons. Quand l’Assemblée nationale ou le Sénat remettent des chèques au ministère de la Santé, peut-on parler de don ? L’on aurait mieux compris le sacrifice dans cette action si elle était présentée comme une renonciation des parlementaires ou encore des membres du Conseil économique et social à une partie de leurs émoluments pour aider les victimes directes ou indirectes du coronavirus. Pendant ce temps, des populations affectées par cette crise attendent désespérément le secours de l’Etat de Côte d’Ivoire. Les médecins manquent encore du minimum pour mieux soigner les malades en toute sécurité. De pauvres opérateurs économiques contraints à fermer boutique, des travailleurs qui n’ont plus de salaires…sont menacés par la famine. Pendant ce temps, on tourne en rond. Des institutions à budget financés par l’Etat font des dons au même Etat. C’est juste du folklore.

Un autre tapage improductif, c’est celui fait autour de dons attribués en leur propre nom par des personnalités gouvernementales, à commencer par le Premier ministre dont l’effigie figure sur des sachets de produits distribués à des populations. Ces autorités ne feraient-elles pas mieux de mettre au service des populations qu’elles sont censées secourir le temps et l’énergie qu’elles consacrent à organiser des dons en leur propre nom à des fins politiques ? Le chef de l’Etat et tout son gouvernement sont plutôt attendus sur le terrain de la bonne supervision de la riposte sanitaire, sociale et économique. Ils sont attendus sur le terrain d’une meilleure organisation de la mobilisation de ressources mis à la disposition d’une structure centrale qui agit sur ces différents fronts selon des données fiables.Afin que ceux qui donnent ne soient pas toujours les mêmes ; et que ceux qui reçoivent ne restent pas les mêmes qui reçoivent des dons, pendant que les plus méritants sombrent dans la souffrance.   

Cissé Sindou  

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