Covid-19 : la psychose de la maladie crée des affrontements à Azaguié





covid-19-la-psychose-de-la-maladie-cree-des-affrontements-a-azaguie


Odoguié, paisible village situé dans la sous-préfecture d'Azaguié, a connu une animation particulière la semaine dernière, avec des affrontements entre les jeunes et les gendarmes. En fait, l'élément déclencheur est le décès du jeune Acho Raymond dit Adou, soupçonné d’être porteur du Covid-19 alors qu'il n'en était rien. 
Les faits. Dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 mai 2020, Adou a du mal à respirer, se plaint de courbatures et fait de la fièvre. Conduit à l’infirmerie d’Élevi, à 1,5 km d'Odoguié, par son épouse enceinte et sa mère, l’infirmier présent, après quelques questions, soupçonne le patient d’être porteur du Covid-19. Les explications de la mère l'informant des antécédents médicaux d’Adou dont un accident de moto, 2 ans auparavant, n'y changent rien. Ce dernier informe automatiquement sa hiérarchie à Agboville, qui lui conseille de mettre le jeune homme en quarantaine et empêcher toute personne de l'approcher. Aussitôt dit aussitôt fait. Adou est mis en quarantaine dans une petite salle de 4 h du matin à 15 h de l’après-midi où arrivera une équipe médicale à bord d'une ambulance. Les équipements des nouveaux venus sont si impressionnants que des villageois préfèrent aller se terrer en brousse. L’ambulance prend la direction d'Agboville. Une fois sur place, la mère qui a pris place dans le véhicule en compagnie de son fils, est priée d'attendre avec ce dernier le temps de faire des prélèvements en vue du test du Covid-19. Malheureusement, avant 18 h, Adou rend l’âme. Sa mère inconsolable, se jette sur son fils en larme, sans peur de faire contaminer au cas où le défunt serait mort de la maladie à coronavirus. Trois jours plus tard, les résultats des tests sont sans appel : ni Adou ni sa mère ne sont porteurs du Covid-19. La nouvelle du décès et toutes les informations afférentes créent une poussée de colère dans la zone. La jeunesse est incontrôlable. Toutes les voies menant aux différents villages sont inaccessibles. Le chef du village, soupçonné d’être de connivence avec les agents de santé, est pris à partie. Il manque de peu de voir sa maison et ses véhicules incendiés. 

Le démantèlement des barrages des forces de l'ordre exigé

Le Conseil régional, pour calmer les ardeurs, informe qu'il prend en charge les frais funéraires. Malgré cela, le samedi, jour de l’enterrement d’Adou, la tension monte encore d'un cran. La gendarmerie est appelée en renfort. Mais elle a du mal à contenir les jeunes. Il a fallu la médiation de sages pour ramener le calme. 
Mais la jeunesse n'en démord pas. Elle exige désormais le départ de toutes les forces positionnées aux entrées et sorties de leur localité. Notamment le barrage de policiers entre le village d’Akébefia et celui d’Elevi, celui de gendarmes entre Akébefia et M’Bromé et après le village de M’Bromé. Et enfin, ils exigent le démantèlement du barrage posté sur la voie menant à Agboville au niveau de l’intersection de la voie allant à la zone et qui fait d’ailleurs office de checkpoint du grand Abidjan. Car, comme l'a soutenu un leader de la jeunesse : " … En lieu et place de la sécurité, ces soldats nous font payer 1 000 FCFA par personne à chaque barrage (Ndlr : ce qui fait 4 000 FCFA) pour qu’on ait accès à la commune d’Azaguié. Ce n’est pas normal. Ils disent que cette somme que nous payons pour traverser ces barrages, est l’autorisation d’accès au grand Abidjan. Nous demandons donc le départ de tous ces barrages".

Modeste KONÉ

(Photo Archives)

Partarger cet article

En lecture en ce moment

Niger : le général Tchiani se déclare nouvel homme fort du pays, Bazoum refuse de démissionner

Affaire "défection de 4 000 militants de l'UDS au profit du RHDP" : l'Union des soroistes réagit