Musique : L’artiste guinéen Mory Kanté est décédé





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L’artiste guinéen Mory Kanté est décédé ce vendredi 22 mai 2020 à son domicile à Conakry. Selon le ministère de la culture de la Guinée qui a fait l’annonce, c'est aux environs de 4heures du matin que le corps sans vie du chanteur a été découvert dans sa chambre.

Né en Guinée en 1950, Mory Kanté est l’héritier de la tradition des griots, les "djéli" du Mandé, empire d’Afrique de l’Ouest qui s’étendait depuis la côte atlantique jusqu’à la région de Gao. D’origine malienne, sa mère Fatouma est la fille de Djéli Mory Kamissoko, chef spirituel des griots. C’est le vieil homme qui baptise l’enfant et lui transmet son propre nom.

Mory suit l’école française et apprend à jouer du balafon, l’instrument fétiche des Kanté car il permet d’établir la communication avec l’univers. A 15 ans, le jeune griot commence son initiation chez sa tante à Bamako, la griotte Maman Ba Kamissoko, l’une des chanteuses de l’Ensemble Instrumental National du Mali. Durant trois ans, Mory entreprend des voyages initiatiques à travers le Mandingue.

Des épreuves difficiles l’attendent, pas seulement musicales, avec la brousse pour seul refuge. De retour en ville, il se défoule sur les musiques du monde : chachacha, mambo de Cuba, rumba congolaise, pop anglaise...Mory Kante s’entiche de la guitare et se débrouille fort bien comme balafoniste, guitariste et chanteur qui anime les fêtes de mariage.

En 1971, repéré par Tidiane Koné, saxophoniste et chef d’orchestre du Rail Band de Bamako, il intègre l’ensemble comme guitariste. Puis, en 1975 Mory remplace au sein du groupe le chanteur Salif Keïta. Il découvre alors la kora et apprivoise l’instrument avec tant de passion que le maître malien Batrou Sékou Kouyaté lui offre cette kora qui l’accompagne sur toutes les scènes du monde. En 1976, Mory reçoit le trophée de la Voix d’or au Nigéria.

En 1978, il arrive à Abidjan après avoir quitté le Rail Band. Entouré d’une petite formation traditionnelle, balafon, djembé et bolon à cinq cordes, Mory (à la kora et au chant) forge sa notoriété en animant le Climbier, célèbre club select abidjanais où se produisent des vedettes internationales comme Barry White. En 1981, ses arrangements acoustiques séduisent Gérard Chess, directeur du label américain "Ebony Records" qui décide de produire "Courougnégné", premier disque de Mory Kanté.

En 1984, le chanteur s’installe en France avec "Yéké Yéké" le plus grand tube africain du monde. En l’espace de deux ans, Mory Kanté s’impose par la seule force de son talent. Les concerts qu’il donne avec sa kora électrique font l’unanimité de la critique. Le rythme des tournées s’accentue : Europe, Afrique du Nord, Mali, Sénégal, Etats-Unis... Le succès de "Yéké Yéké" est fulgurant, le single est vendu à plus d’un million d’exemplaires et les classements dans les hits-parades se multiplient à travers le monde. En 1988, le tube atteint la première place du classement paneuropéen du "Billboard américain".

En 1990, l’album "Touma" produit par Nick Patrick est disque d’or en France. L’année suivante, Mory Kanté est invité à présenter sa Symphonie de Guinée lors de la cérémonie inaugurale de la Grande Arche de la Défense, interprétée par un ensemble de 130 griots musiciens, chanteuses et chanteurs traditionnels. Cet événement préfigure le projet dont Mory rêve en secret : élaborer en Afrique un grand centre de promotion de la culture mandingue.

De 1996 à 2004, les tournées se poursuivent dans le monde. L’artiste reprend son indépendance artistique et son autonomie de producteur pour assurer la réalisation de son album "Tatebola". Egalement, le projet de Cité commence à prendre forme à Conakry, dans le quartier que la population baptise bientôt "Mory Kantea". L’artiste explique "Je veux contribuer à industrialiser la musique et la culture africaine à travers ce projet".

En 2002/2003, Mory Kanté démarre une grande tournée européenne, participe à de nombreux festivals importants et donne 120 concerts dans plus de 25 pays.

Il décide d’enregistrer en 2004 un album totalement acoustique intitulé "Sabou". Entouré d’une dizaine de musiciens et de choristes, le griot moderne joue de sa kora magique des musiques inédites. Et revient à la source de son inspiration : l’art des griots mandingues.

Une tradition multiséculaire qui lui permet de créer, dans ce nouvel opus énergique, une riche palette d’harmonies et un style très personnel.

Solange ARALAMON

 

 

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