La communauté internationale a encore parlé





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La communauté internationale, par la voix de l’union mondiale des parlements vient, une fois de plus, de réclamer la libération des députés incarcérés en Côte d’Ivoire.

Les dirigeants ivoiriens vont-ils enfin entendre le message du monde. Après la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), l’Union interparlementaire (UIP) vient, à son tour, demander la libération des parlementaires emprisonnés en Côte d’Ivoire. Comme la CADHP, l’UIP émet de sérieuses réserves sur les justificatifs des poursuites judiciaires engagées contre ces élus. Mieux, elle n’hésite pas à dénoncer les relents politiciens de l’acharnement dont ils font l’objet.

Dans son communiqué qui a eu l’effet d’un coup de tonnerre vendredi dernier,l’UIP affirme notamment que la condamnation par contumace, le 29 avril dernier, de Guillaume Soro, ancien président de l’Assemblée nationale et candidat à l’élection présidentielle de 2020 à 20 ans de prison pour détournement de fonds publics et cinq ans de privation de droits politiques et civils « compromet sa candidature aux élections présidentielles prévues pour octobre 2020 et laisse supposer que la procédure pénale à son encontre est motivée par des considérations politiques ».

Par ailleurs, pour les députés du monde, « il ne semble y avoir aucun élément matériel prouvant » la « culpabilité » des cinq autres parlementaires proches de Guillaume Soro. Les accusations retenues contre eux (troubles à l’ordre public, atteinte à l’autorité de l’État, diffusion de fausses nouvelles) « sont basées uniquement sur des déclarations faites lors de conférences de presse », rappelle l’UIP.   

 Loin d’être une simple déclaration, ces observations ont valeur de recommandations que la Côte d’Ivoire devra prendre en compte car émanant d’une organisation internationale qui a agit en synergie avec les Nations Unies.

Fondée le 30 juin 1889 (elle a 131 ans), en tant que première organisation politique multilatérale au monde, l’UIP est, comme indiqué dans ses statuts,« l’organisation mondiale des Parlements des États souverains ».

C’est la plus ancienne des institutions internationales à caractère politique. Elle compte179 Parlements membres issus des 193 pays du monde. Elle est, dans les faits, l’homologue parlementaire des Nations Unies, auxquelles la lie, depuis 1996, un Accord de coopération qui a été renouvelé en 2016 afin de renforcer ses liens de coopération avec l’ONU.

Grâce à son Comité des droits de l’homme, l’UIP dispose d’un mécanisme unique en son genre pour défendre les droits d’un nombre croissant de parlementaires à travers le monde.

Face à l’ordonnance rendue le 22 avril par la CADHP, demandant la suspension du mandat d’arrêtémis contre Guillaume Soro, et la libération d’une vingtaine de ses proches incarcérés dans différentes prisons du pays, les autorités ivoiriennes ont choisi de piétiner la décision de cette juridiction supranationale.Le 28 avril, lors d’un procès expéditif, Guillaume Soro sera condamné par contumace le par le tribunal d’Abidjan.

Le 29 avril, la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara prendra l’étonnante décision de se retirer de la déclaration de compétence prévue au protocole relatif à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

Pourtant, au-delà de la défense des droits fondamentaux de Guillaume Soro et des cadres de GPS concernés, et loin de vouloir s’ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire, la communauté internationale semble à travers ces interpellations, alerter les dirigeants ivoiriens sur les conséquences graves des abus qui contraignent à l’exil un candidat déclaré à la future élection présidentielle, et qui maintiennent illégalement des élus du Peuple et autres citoyens derrière les barreaux. Pourvu que ces alertes soient bien décryptées à temps par qui de droit.

Cissé Sindou 

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