Côte d’Ivoire : qu’est-ce qui fait courir Henri Konan Bédié ?





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Après avoir, selon son habitude, gardé le silence et entretenu le suspense, Henri Konan Bédié brigue l’investiture du PDCI pour la présidentielle d’octobre. À 86 ans, le Sphinx se sent pousser des ailes. Le rêve de toute une vie va-t-il être exaucé ?

De tous les poids lourds de la scène politique ivoirienne, Henri Konan Bédié est le plus âgé. Ambassadeur, maire, ministre, président de l’Assemblée nationale, chef de l’État… Il a tout fait, tout connu. Pourtant, à 86 ans, il demeure un mystère, y compris pour ceux qui le côtoient depuis des années. On le dit placide et distant, joueur et séducteur. Mais comment comprendre un homme qui ne parle pas, ou si peu, qui s’applique à ne jamais rien laisser transparaître de ses émotions ? Certains disent du silence qu’il est l’arme des puissants. Bédié, lui, en a fait un art.

Le 20 juin, il a officialisé sa candidature à l’investiture du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dont la convention aura lieu à la fin de juillet, trois mois avant la présidentielle. S’il a tenu à entretenir le suspense jusqu’au bout, les jeux étaient déjà faits.

Les 4 et 5 juin, les critères d’éligibilité avaient éliminé une bonne partie des autres prétendants éventuels. Tout s’est fait lors d’un bureau politique dont le déroulement aura parfaitement résumé l’emprise qu’exerce Bédié sur le PDCI, un parti profondément rural, au fonctionnement quasi soviétique. « Quand il convoque un bureau politique ou organise un congrès, c’est qu’il est déjà terminé », analyse un cadre du PDCI.

Les jours précédents, les jeunes loups avaient affûté leurs lames. Les fameux critères d’éligibilité avaient fuité dans la presse. Patrice Kouassi Kouamé, député de Yamoussoukro, et Yasmina Ouégnin, élue à Cocody, ont eu beau crier au scandale, rien n’y a fait. « En vérité, beaucoup étaient en désaccord avec ces critères, explique un baron du parti. Mais – et c’est typique du PDCI – au moment de voter, tout le monde s’est rangé derrière Bédié. Trop de gens lui doivent leur poste. Et puis chez nous, les Akans, on préfère se taire plutôt que d’humilier le chef ».

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