Après la mort d’Amadou Gon Coulibaly, candidat du Rhdp pour la présidentielle de 2020, des militants du parti au pouvoir reprochent, toujours, à Guillaume Soro d’avoir été impatient.
Selon le programme officiel des obsèques, c’est le vendredi 17 juillet qu’aura lieu l’inhumation de l’ex-Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
Idéalement, avant cet ultime voyage, l’heure doit être au recueillement. Hélas, le statut du défunt et le contexte politique de son décès, laissent peu de place à tout idéal.
Ainsi, alors que sa dépouille attend encore d’être conduite sur la terre de ses ancêtres à Korhogo, le débat sur son remplaçant à la candidature Rhdp est déjà ouvert. Ce débat bat son plein y compris chez ses partisans. Avec des réactions disparates assez éloquentes sur le trouble qui les anime.
Certains appellent à un rapprochement avec Guillaume Soro, seul capable à leurs yeux, de permettre au Rhdp de conserver le pouvoir. D’autres ne cachent pas leur chagrin et reprochent au président de Générations et Peuples Solidaires (GPS) d’avoir été « trop pressé ». Pour eux, si l’ancien chef du Parlement avait été « patient », il serait aujourd’hui le remplaçant naturel de Gon Coulibaly. A ce sujet, j’ai particulièrement apprécié la réponse de cet internaute : « Il ne faut jamais souhaiter la mort d'autrui pour tracer son chemin ».
De deux choses l’une. Soit ceux qui évoquent une impatience de Guillaume Soro sont à l’image des décideurs du Rhdp, dont le seul avis doit prévaloir, que celui-ci rencontre ou non l’assentiment de la base, soit ils se méprennent toujours sur les raisons de sa démission le 8 février 2019.
Ce qu’ils semblent ignorer, c’est que le député de Ferké, qui nourrit légitimement l’ambition de briguer la magistrature suprême en 2020, a très vite compris la volonté du président du Rhdp, de n’autoriser aucune autre candidature au sein du Parti Unifié, sauf celle d’Amadou Gon Coulibaly, son choix personnel. Ouattara était donc prêt à tout pour bloquer toute autre velléité, et imposer son choix. Il fallait s’y soumettre ou prendre la porte. Certains comme Mabri Toikeusse ont fait le premier choix, quand d’autres comme Marcel Amon Tanoh ou Guillaume Soro ont fait le second. En ce qui le concerne, le crime commis par l’ancien SG de la Fesci est d’avoir librement et courageusement décidé de ne pas adhérer au nouveau Rhdp. Il a préféré assumer son destin. Le lui reprocher, c’est accepter qu’il n’y ait pas de démocratie au sein du Rhdp ; c’est cautionner la pensée unique.
Le pire, c’est surtout affirmer que Guillaume Soro devait attendre, que dis-je, souhaiter la mort éventuelle du candidat exclusif de Ouattara, pour espérer être adoubé en remplacement de celui-ci.
Pourtant, devant la situation actuelle, avec du recul, les pourfendeurs du président de GPS auraient pu avoir une approche moins austère. Pourquoi ne se disent-ils pas que Ouattara aurait pu garantir une saine compétition entre tous les prétendants à sa succession ? Si tel avait été le cas, des poids lourds comme Guillaume Soro, ou même Henri Konan Bédié, ne seraient-ils pas toujours au au Rhdp ? A défaut, le chef de l’exécutif ivoirien n’aurait-il pas dû être fin vis-à-vis de son ‘’fils’’ Soro comme François Hollande l’a été avec son poulain Macron ? Au lieu de vouloir anéantir par tous les moyens son fougueux ex-ministre de l’Economie qui le critiquait pourtant et qui a refusé de participer à la primaire socialiste, le successeur de Sarkozy lui a donné sa chance et a même appelé à le voter au second tour de la présidentielle de 2017, s’offrant partiellement la paternité de sa victoire. En Côte d’Ivoire Alassane Ouattara n’a pas eu la même hauteur. Il a choisi la confrontation avec son ‘’fils’’, cherchant à l’anéantir par tous les moyens.
Mais, ce 8 juillet 2020, le décès brutal de Gon lui a certainement rappelé ses limites. Va-t-il en tirer des leçons et corriger ce qui peut l’être avant octobre ? Va-t-il au contraire demeurer dans l’illusion de l’omnipotence ? C’est à lui de décider.
Cissé Sindou