La Presse face au Coronovirus et la présidentielle : L'intersyndicale des médias interpelle le gouvernement





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L'Intersyndicale du secteur des médias en Côte d'Ivoire (ISMCI), au cours d'une conférence de presse, tenue, mercredi, à la Maison de la presse, a attiré l'attention du gouvernement sur les promesse qu'il a fait et qui, jusqu'à présent, n'ont été tenue. Pressecotedivoire.ci vous propose l'intégralité de la déclaration faite à cette rencontre.


Chers Camarades syndiqués,
Chers confrères des médias nationaux et internationaux,

La Côte d’Ivoire, à l’instar de plusieurs pays du monde, traverse jusqu’à ce jour, une grave crise sanitaire due à la pandémie à coronavirus.

Au plan de l’économie du secteur

A l’avènement des premiers cas de contamination dans notre pays, L’Etat de Côte d’Ivoire a pris des mesures que nous avons trouvé en son temps salutaires à travers le Conseil National de Sécurité (CNS) appuyé par le discours du Président de la République assorti de huit (8) mesures afin de freiner la propagation du virus dans notre pays. A sa suite, le Premier ministre (Paix à son âme) avait décliné les 4 axes d’actions du Gouvernement pour lutter contre la pandémie avec une forte promesse d’une enveloppe de 250 milliards de FCfa destinée au secteur du privé (y compris les entreprises de presse) pour leur permettre de juguler la situation économique précaire actuelle.
En avril 2020, à l’immeuble Sciam, notre ministre de tutelle, a promis, à coup de renfort médiatique, l’octroi de 200 millions de FCFA au secteur des médias, en vue de l’aider à supporter un temps soi peu les moments de précarité dans lequel la pandémie à coronavirus a plongé notre secteur déjà en agonie.
Quatre mois après, l’honnêteté dans les dires et écrits que nous recommande notre métier de journalistes, nous oblige à avouer qu’aucune de toutes ces promesses n’a été tenue.
Et pourtant les entreprises de presse ivoiriennes, à travers le Groupement des éditeurs, le Gepci, ont mené toutes les nombreuses démarches qui leur ont été recommandées pour bénéficier de ces fonds dans une certaine urgence, en sont temps.
Les médias ivoiriens avec leurs travailleurs ploient sous le poids de la crise à la Covid-19 plus que tous les autres secteurs. L’Intersyndicale du secteur medias en cote d’ivoire (ISMCI) appelle donc l’Etat à tenir ses promesses envers le secteur des médias en cette situation difficile.
Car à cette situation difficile de Covid-19, il faudra ajouter un autre grand mal qui ronge notre secteur. La Société de distribution des journaux (EDIPRESSE). Car, cette société de distribution ne fait qu’accuser d’énormes retards dans l’envoi des journaux dans les kiosques ainsi que le paiement de vente des journaux, alors qu’ils ont eu à signer un contrat en exclusivité dans le secteur.
Nous, les travailleurs du secteur des médias, dénonçons cet état de fait et appelons le Gepci et Edipresse à prendre toutes leurs responsabilités afin de se doter des moyens pour une distribution plus professionnelle de nos journaux. Puisque bien que n’étant pas éligible au FSDP, cette entreprise a indument bénéficié des fonds de soutien de la presse qui devait revenir aux entreprises de presse
Le tableau économique dans le secteur des médias en CI est sombre. Si l’on n’y prend garde, la campagne électorale prochaine, seul enjeu qui préoccupe tant les politiques et pour lequel la presse est tant mise à contribution actuellement, risque d’être le seul fait d’une minorité des médias.
L’Intersyndicale du secteur des médias en CI tient à rappeler aux pouvoirs publics ivoiriens que «la sécurité sociale et physique des journalistes, est un enjeu de démocratie» dans une nation. L’aide publique à la presse ne devrait donc pas être perçue comme une aumône mais comme un devoir régalien de l’Etat, car l’accès à l’information est un droit pour les populations. Et nul besoin de rappeler encore ici que ce sont les hommes et les femmes des médias qui ont pour mission d’exercer ce service public. L’Etat se doit de les accompagner comme il se doit. Et beaucoup de pays dans le monde l’ont compris. Ces pays africains comme européens octroient plusieurs milliards à leurs entreprises de presse sous forme de subvention. Notre crainte est encore grande.
La presse ivoirienne se meurt, il faut l’aider. C’est un impératif.
Et sur cette question, les journalistes ivoiriens sont à l’écoute des propositions de l’Etat mais aussi en attente des programmes de gouvernement des futurs candidats à la prochaine présidentielle concernant le secteur des médias.

Au plan de la sécurité des travailleurs des médias

Dans sa « Lettre syndicale » du 31 mars 2020, l’ISMCI a mis le pied dans les plats en interpellant avec force et vigueur le Procureur de la République d’Abidjan sur les incessantes interpellations des journalistes. L’ISMCI se félicite et note parmi ses victoires actuelles, que sa « Lettre syndicale » a produit les résultats attendus. Puisque de cette date à ce jour, les interpellations des journalistes ont presque cessé.
Aussi au nombre des actions à reverser au bénéfice de l’ISMCI, il faut saluer la direction générale du Groupe Cyclone, éditrice des journaux LE TEMPS et LG INFOS. Qui après avoir mis en chômage technique 13 de nos camarades, a réintégré 8 d’entre eux et payer intégralement les droits des 5 qui ont choisi le départ volontaire. Et, il est bon de relever que cette situation malheureuse qu’a vécu nos camarades est la résultante de la crise à Covid-19. Des pères de famille se retrouvent aujourd’hui sans emploi. Et c’est regrettable.
L’ISMCI se félicite aussi de l’avancée de la situation de nos camarades du quotidien à capitaux publics, FRATERNITE MATIN qui est toujours en procès avec deux de nos confrères. L’ISMCI a entrepris des démarches auprès de la direction générale afin d’un règlement à l’amiable de cette affaire en de bonne voies.
A côté de ce peu de satisfécit, il faut signaler que l’ISMCI est très inquiète pour la sécurité des travailleurs des médias à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre prochain.
L’intersyndicale interpelle donc les hommes politiques et les pouvoirs publics quant à une sécurité plus accrue autour des journalistes dans l’exercice de leur métier. L’ISMCI a d’ailleurs parcouru en janvier et février 2020 les entreprises de presse, en son temps, dans le cadre de l’opération «Zéro journaliste agressé, zéro journaliste en prison en 2020».
Pour s’assurer une plus grande sécurité en ces moments de doute, l’ISMCI tient à informer l’ensemble des travailleurs des médias qu’elle s’est affiliée à la Coalition ivoirienne des défenseurs des Droits Humains (CIDDH) qui a mis en place un Réseau de communicateurs en vue de lancer des alertes sur toute violation des droits des défenseurs des droits humains.
Mais aussi, l’ISMCI est une structure de défense des droits des travailleurs des médias observatrice de la Fédération internationale des Journalistes dont le siège est basé à l’Union européenne en Belgique.
Comme vous le voyez, L’ISMCI compte tout mettre en œuvre pour la sécurité des travailleurs des médias pendant ces élections en CI.
Nos Appels :
En raison de ce qui précède, l’ISMCI propose ce qui suit :

1- Nous appelons à la mise en place d’un cadre de dialogue social inclusif mettant en face à face l’Etat, les défenseurs des travailleurs et les patrons de presse pour ensemble dégager des pistes garantissant les emplois décents, ainsi qu’un accompagnement économique équitable pour les entreprises du secteur.
2- Ce comité tripartite se chargera surtout d’être la cheville ouvrière de la lutte contre le Covid-19 et ses conséquences dans le monde du travail des médias ivoiriens.

3- Nous souhaitons de l’Etat de Côte d’Ivoire, une mise à disposition régulière de matériels de protection contre le Covid-19 pour l’ensemble des travailleurs des médias.

4- Les travailleurs des médias ne pouvant pas couvrir cette pandémie efficacement en étant tous en télé-travail, nos camarades sont au quotidien obligés de se rendre sur le terrain avec le risque permanent d’être infectés. Le risque étant énorme, l’ISMCI réitère son appel au pouvoir d’Etat pour une plus grande prise de conscience sur ce fait en allouant aux travailleurs des médias ivoiriens, une prime spéciale de risque tout comme cela a été décidé pour les hommes de la santé et les soldats.

5- Nous appelons à un respect des recommandations des institutions de défense du travail décent avant l’exécution des mesures de redressements sociaux dans le secteur : A savoir l’arrêt de tout licenciement ou de tout chômage technique dans le secteur qui ont lieu en cette situation de pandémie.

6- Nous, les travailleurs des médias, invitons les patrons de presse, le GEPCI et l’entreprise EDIPRESSE à se doter des moyens d’usage pour une parfaite distribution des journaux sur toute l’étendue du territoire national.

7- Enfin pour terminer, nous souhaitons pour cette année 2020, une augmentation conséquente des subventions à la presse et un rapprochement significatif de la date d’octroi des dons du FSDP

Sam Wakouboué
Porte-parole de l’Intersyndicale du secteur des médias en Côte d’Ivoire.

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