Après la suspension du dialogue avec le pouvoir, Adjoumani répond à Bédié : "il n’est point question de succomber à ce chantage odieux"





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Le porte-parole principal du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) Kobenan Kouassi Adjoumani ne s’est pas fait prier pour répondre au président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié, chef de file de l’opposition ivoirienne.

Le président du PDCI qui a repris langue avec son jeune frère Alassane Ouattara le 11 novembre a aussitôt suspendu ce dialogue avec son ex allié, émettant certaines conditions entre autres la libération des prisonniers avant toute reprise. Pour le RHDP, "il n’est point question de succomber à ce chantage odieux, à cette surenchère nauséeuse et inacceptable", a répondu son porte-parole, ce dimanche, face à la presse.

Ci-dessous sa déclaration.

L’élection présidentielle du 31 octobre 2020 s’est déroulée dans un contexte socio-politique particulièrement tendu, du fait d’une opposition qui voulait empêcher la tenue de ce scrutin par tous les moyens, et qui a fait usage d’une violence sans précédent et de manœuvres de déstabilisation des Institutions de la République, pour tenter de parvenir à ses fins. Le bilan de ces graves incidents qui ont failli précipiter le pays dans un nouveau cycle de violences électorales est lourd. L’on parle de plusieurs dizaines de victimes et d’importants dégâts qui se chiffrent à plusieurs milliards de Francs CFA.

Aussi, au moment où les Ivoiriens se sont mis à rêver à nouveau de paix et de tranquillité, surtout au sortir d’une rencontre entre le Président Alassane Ouattara et le Président Henri Konan Bédié qui a permis de jeter les bases d’un dialogue franc et sincère avec l’opposition, nous avons été surpris de voir le Président du parti doyen effectuer un rétropédalage. En effet, à travers un communiqué daté du vendredi 20 novembre 2020, le Président du PDCI-RDA a tiré à bout portant sur le dialogue amorcé avec le Président de la République et qui, selon ses propres termes, avait réussi à briser le mur de glace et rétablir la confiance avec le pouvoir.

Monsieur Henri Konan Bédié, qui a une large part de responsabilité dans les violences qui ont secoué le pays pose désormais des conditions pour poursuivre les négociations avec le Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara. Il prend même le risque de suspendre de façon unilatérale lesdites négociations et subordonner leur reprise à la satisfaction de certains préalables dont la libération de toutes les personnes interpellées. De toute évidence, il semble que le chef de file autoproclamé de l’opposition ait mal compris le sens des gestes de bonne volonté posés par le Président de la République qui, il faut le rappeler, a décidé de restituer à Monsieur Henri Konan Bédié l’intégralité de sa garde rapprochée, quand bien même certains éléments de sa sécurité auraient été surpris de connivence active avec les acteurs des violences.

Le Président Alassane Ouattara ne s’est pas arrêté là, puisque le blocus des résidences d’autres dirigeants de l’opposition a été levé. Au lieu donc de saluer les mesures de confiance instaurée par le Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA et de s’inscrire résolument dans le sens de l’apaisement, Monsieur Henri Konan Bédié, contre toute attente, préfère engager l’épreuve de force avec le pouvoir. Pourquoi avoir accepté de rencontrer le Président Alassane Ouattara à l’hôtel du Golf le 11 novembre dernier, alors que Messieurs Guikahué, N’Dri Narcisse et consorts étaient déjà dans les liens de la détention, et faire aujourd’hui de l’exigence de leur libération immédiate, une condition sine qua non à la poursuite de ce dialogue ?

Monsieur Henri Konan Bédié serait-il un chef de file sous influence ou sous le contrôle de ses faucons ? La situation socio-politique qui prévaut convoque tous les acteurs politiques au tribunal de la responsabilité et exige de tous de la retenue. Pour le RHDP, il n’est point question de succomber à ce chantage odieux, à cette surenchère nauséeuse et inacceptable. Il nous semble ici opportun de rappeler et de préciser, pour la bonne compréhension de tous, que les faits qui ont présidé à l’arrestation des personnes dont la libération est réclamée sont extrêmement graves. Les appels à la désobéissance civile, au boycott actif des élections ont débouché sur des cas de violences parfois extrêmes, qui ont provoqué des pertes en vies humaines, des destructions de biens, etc. Les auteurs présumés de ces violences ont été interpellés. Des enquêtes sont en cours pour situer les responsabilités. Qui aurait donc peur de la vérité ?

Au demeurant, la création d’un organe de transition qui aurait pour objectif de contester et de renverser les institutions républicaines est un acte de sédition, un crime particulièrement grave qui ne saurait être passé en perte et profit. Monsieur Henri Konan Bédié pense-t-il vraiment obtenir gain de cause, en engageant l’épreuve de force avec le Président Alassane Ouattara ?

Le bourreau qui a été défait, peut-il imposer les règles du jeu à la victime de ses violences ?

Dans cette affaire, il y a eu quand même des crimes atroces, horribles. Un communiqué du Procureur de la République daté du 21 novembre dernier rappelait les circonstances effroyables de la mort d’un collaborateur du ministre du Budget et du Portefeuille de l’Etat. Des faits qui choquent les consciences.

Dans quel pays sérieux peut-on tolérer de tels crimes odieux ?

Monsieur Henri Konan Bédié n’est-il pas en train d’abuser des privilèges de son âge ou de la retenue dont font preuve les autorités compétentes à son égard du fait de cet âge avancé ?

Veut-il pousser ces dernières à lui appliquer la loi dans toute sa rigueur ?

Peut-on raisonnablement exiger les retombées d’un dialogue avant même de l’engager ?

Monsieur Henri Konan Bédié veut-il vraiment la libération immédiate de Messieurs Guikahué et N’Dri Narcisse, quand l’on observe avec quel empressement il a pourvu à leur remplacement à la tête du Secrétariat Exécutif du PDCI-RDA et de la Direction de son Cabinet ?

En tout état de cause, le RHDP encourage le Président Alassane Ouattara à continuer à œuvrer pour la paix par le dialogue, sans faiblesse. Il le soutient dans sa quête de la vérité, pour une justice équitable conformément aux recommandations de la communauté internationale.

 En conséquence de tout ce qui précède,

- Le RHDP estime que les actes posés par Messieurs Guikahué, N’Dri Narcisse et autres sont connus de tous dans le déclenchement des violences électorales, qu’il importe de poursuivre les enquêtes à leurs égards et de faire connaître à l'opinion nationale et internationale leurs niveaux de responsabilité et d'implication dans lesdites violences.

- Le RHDP rappelle à l'opposition que la main tendue du Président de la République ne doit pas être perçue comme un signe de faiblesse, mais plutôt comme un acte de responsabilité qu'il pose dans l'intérêt supérieur de la Côte d'Ivoire et de la paix.

- Le RHDP invite l'opposition à cesser de ruser avec la paix, car dans cette crise, rien ne peut s'obtenir par la force ou par la violence.

-  Le RHDP dénonce avec force la tentative de catégorisation des victimes des violences électorales par l'opposition et Monsieur Bédié qui choisissent d'honorer la mémoire d'une dizaine de celles-ci alors que les violences occasionnées par les appels au boycott actif et à la désobéissance civile ont provoqué plusieurs dizaines de morts.

En décidant d'enterrer seulement une poignée de victimes qu'elle considère comme ses militants, l'opposition reconnaît implicitement que les autres victimes ne font pas partie de ses militants. Par conséquent, la plus grande victime de ces violences n’est autre que le RHDP.

- Le RHDP dénonce par ailleurs, l'appel à une minute de silence sur toute l’étendue du territoire, décrétée par le président du PDCI-RDA qui, quoique nostalgique du passé, n'a pas qualité pour agir dans ce sens.  Monsieur Henri Konan Bédié oublie souvent qu'il n'est que le président d'un parti politique, le PDCI.

- Le RHDP invite tous ses militants à demeurer mobilisés et vigilants face à l'évolution de la situation actuelle.  Il assure le Président de la République élu, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, de son soutien total et sans faille dans la poursuite des enquêtes en cours et dans sa quête du dialogue pour une paix sincère et durable.

- Le RHDP invite le Gouvernement à demeurer ouvert au dialogue, sans toutefois renoncer à poursuivre les enquêtes liées aux violences électorales, à rechercher tous les auteurs et leurs complices quel que soit leur rang, pour faire émerger la vérité sur ce qui s'est effectivement passé.

- Le RHDP invite le Gouvernement à prendre toutes les mesures qui commandent le maintien d'un climat de paix durable en Côte d’Ivoire. Car ici, il s'agit de la paix des Ivoiriens que l'opposition veut prendre en otage à nouveau, en se servant de cette paix comme un instrument de chantage.

- Pour terminer, le RHDP voudrait face à ces attaques de tous ordres, indiquer la voie à suivre :

Le Saint Père, à l’occasion de la journée nationale de la paix, à la prière de l’angelus, le 15 novembre dernier, a prié pour la paix dans notre pays et a fait des recommandations fortes à la classe politique et au Gouvernement. Le Président de la République, Président du RHDP, SEM Alassane Ouattara, a favorablement accueilli cette exhortation du pape et s’inscrit parfaitement dans cette approche empreinte de sagesse et d’amour.

Le RHDP voudrait pour sa part inviter tous les Ivoiriens, y compris le Conseil permanent des Evêques à faire leurs, ces recommandations du Saint Père.

 

Fait à Abidjan, le 22 novembre 2020

 

POUR LE RHDP

LE PORTE-PAROLE PRINCIPAL

LE MINISTRE

KOBENAN KOUASSI ADJOUMANI

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