’’Hambak’’ inhumé et maintenant ?





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Après le décès du Premier ministre Hamed Bakayoko, ex-pilier du régime Rhdp, deux options se présentent à Alassane Ouattara.  

 

Décédé le 10 mars en Allemagne, le défunt Premier ministre de Côte d’Ivoire Hamed Bakayoko, repose depuis vendredi à Séguéla, la terre de ses ancêtres. 

Dès les premières heures de ce deuil national, les Editions Nord-Sud, société éditrice des journaux Générations Nouvelles et Nord-Sud Infos se sont jointes à l’élan collectif de compassion à l’endroit des familles biologiques et politique de l’illustre disparu. Nous renouvelons ici notre solidarité surtout à sa veuve et ses enfants. Sans oublier nos confrères du groupe Mayama Editions, société éditrice du quotidien Le Patriote, eux-aussi orphelins après la disparition de leur ‘’père’’.

Le décès de cette personnalité    aux multiples qualités a attristé des Ivoiriens de tous bords politiques et de toutes les couches socio-culturelles. Depuis deux décennies, c’est l’un des rares évènements ayant amené ce peuple si clivé à se mettre, un tant soit peu, au-dessus de ses antagonismes multiformes. 

En effet, les liens intimes, les amitiés de longue date entre le défunt et des citoyens d’opinions politiques diverses, révélés à travers de nombreux témoignages durant ces jours de deuil, ont rappelé aux Ivoiriens tout ce qu’ils ont, et tout ce qu’ils peuvent avoir en commun, avant leurs adversités.  

Sa générosité sans tri a fait l’unanimité. Ses détracteurs, ses fans, tous, ou presque, ont choisi, pendant cette période, de ne retenir que ses valeurs.  

La fin de cet homme robuste, qui croquait la vie, et qui a été comblé par la providence, nous a aussi rappelé la mort. Cette mort qui est le destin le plus sûr de chaque être humain. Elle nous enseigne humilité et modestie. 

Ce sont autant de leçons qui nous poussent, à l’instar d’autres observateurs de la vie socio-politique ivoirienne, à considérer cet évènement comme le prétexte possible d’une introspection collective pour un nouveau départ. Un départ meilleur.

RECONCILIER OU CONTINUER DE DIVISER  

Le message véhiculé par cette grosse perte s’adresse à l’ensemble des Ivoiriens, mais pour nous, il interpelle particulièrement le pouvoir ivoirien qui n’a jusque-là pas réussi à rassembler véritablement les habitants de ce pays. Un pays où les frustrations et les rancœurs restent énormes après tant de crises. La plus récente a causé une centaine de morts et d’importants dégâts matériels lors de la contestation du 3emandat d’Alassane Ouattara. 

Aujourd’hui, deux options se présentent au chef du régime Rhdp : continuer sa politique qui maintient les clivages et la déchirure sociale, ou poser des actes forts dans le sens de la réconciliation et de la cohésion nationale. 

La première option, celle que nous lui déconseillons, consiste dans la politique politicienne pour pérenniser son pouvoir et ses privilèges par tous les moyens, qu’ils soient justes ou non, et sans se préoccuper des conséquences sur le tissu social.  C’est ce choix qui a conduit à toutes les manœuvres constitutionnelles et institutionnelles pour ouvrir un boulevard à Amadou Gon Coulibaly, l’ex-Premier ministre et poulain de confiance que Ouattara rêvait d’installer dans le fauteuil présidentiel lorsqu’il annonçait son propre retrait le 5 mars 2020 à Yamoussoukro. 

A la mort de Gon Coulibaly, l’on a pensé que cette épreuve rappellerait au patron du Rhdp qu’il n’est pas omnipotent. On a espéré qu’il en tirerait des leçons et changerait d’option en œuvrant à la libération des prisonniers politiques, au retour des exilés Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé pour l’organisation d’une élection présidentielle inclusive et transparente pour apaiser les cœurs. Hélas, Ouattara et son clan n’ont visiblement pas tiré de cette mort brutale de Gon Coulibaly les mêmes enseignements que nous. Ainsi ont-ils continué dans leur choix : conserver le pouvoir par tous les moyens.  

Le Président sortant ayant finalement décidé d’être candidat, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Mabri Toikeusse et bien d’autres leaders ont été empêchés de postuler. Un vote a été organisé dans le sang le 31 octobre, puis Ouattara a été investi au mépris de la douleur de toutes ces familles endeuillées, et du sentiment d’exclusion qui anime encore tous ces citoyens dont les leaders ont été injustement écartés de cette élection. Certes, une grande partie de l’opposition a pu participer au récent scrutin législatif, cependant beaucoup d’Ivoiriens retiennent qu’un troisième mandat présidentiel leur est imposé, et restent convaincus que Ouattara n’aurait pas été forcément le vainqueur s’il avait accepté d’affronter à la loyale tous ses adversaires sérieux comme Laurent Gbagbo l’a fait en 2010.

 Aujourd’hui, la brève unité créée par la mort de Hamed Bakayoko, pilier du régime, est donc une nouvelle occasion de panser les plaies encore ouvertes. Pourvu qu’elle soit saisie par qui de droit.

Cissé Sindou

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