Patricia Eba Edoukou épouse Claude est originaire d’un petit village de la ville de Tiassalé en Côte d’Ivoire. Mariée à un Suisse il y a une dizaine d’années, elle vit, travaille et réside en permanence en République helvétique. C’est d’ailleurs depuis ce pays qu’elle a fondé, il y a quelques années,  une Ong dénommée « Espoir & Avenir » pour venir en aide aux plus démunis en Afrique. Dans la ferveur de la célébration de la journée internationale de la femme 2025, elle a accepté de nous accorder une interview. Elle nous explique les raisons profondes qui l’on poussées à se « jeter » dans de multiples oeuvres caritatives sur le continent africain.

Vous vivez présentement en Europe. Néanmoins, vous avez décidé de créer une ONG depuis l’Europe dans le but d’aider les personnes, surtout les veuves, les orphelins, les familles en détresse en Afrique. Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a motivé ?

Ma motivation est profondément liée à mon histoire personnelle. J’ai grandi dans un petit village de la Côte d’Ivoire, au sein d’une famille de cultivateurs, et j’ai été confrontée dès mon plus jeune âge aux difficultés que rencontrent de nombreuses familles et personnes. J’ai dû interrompre mes études par manque d’argent, j’ai échappé à des agressions sexuelles et j’ai vécu les défis de la pauvreté, des inégalités et du manque de nourriture. Grâce à l’aide de personnes bienveillantes, j’ai pu surmonter ces difficultés. J’ai ressenti un réconfort immense quand j’ai rencontré l’homme qui est devenu mon époux par la suite. En m’installant en Suisse, j’ai éprouvé une profonde gratitude et le désir de soutenir à mon tour ceux qui traversaient des moments difficiles.

Et quand vous mettez en place l’ONG, quelles ont été vos premières actions ?

Avec mes modestes moyens, j’ai commencé à apporter une aide discrète, mais j’ai rapidement pris conscience de l’ampleur des besoins. Animée par la volonté d’agir à plus grande échelle, j’ai créé en 2018, avec l’appui de mon époux, l’ONG Espoir & Avenir, afin d’unir nos forces pour offrir un avenir meilleur à un plus grand nombre.

Quelles sont les principaux objectifs de votre ONG et quels moyens  utilisez-vous pour les atteindre ?

L’ONG Espoir & Avenir a deux objectifs principaux. Premièrement, aider les orphelins et enfants en difficultés, leur permettre d’être scolarisés et avoir un avenir meilleur. Mais aussi, assister les veuves, aider celles qui sont sans logement à retrouver un toit et accompagner les orphelins et les jeunes en difficulté dans la création de projets générateurs de revenus. Deuxièmement, nous voulons venir en aide aux familles et personnes en situation de détresse vivant sur le continent africain ou sur d’autres territoires, notamment les victimes d’abus sexuel ou d’inceste, les victimes de violences physiques et psychologiques, les jeunes filles devenues mères précocement et abandonnées, afin de leur permettre de retrouver un avenir. Les réfugiés et migrants rejetés pour des divergences religieuses ou politiques, les personnes en situation de pauvreté extrême, les personnes âgées et toutes personnes en situation de détresse sont aussi notre cible, afin de répondre à leurs besoins essentiels. Nous envisageons également d’améliorer l’accès aux soins des enfants et des personnes fragilisées et de contribuer à la lutte contre la faim en fournissant des aliments et d’autres produits de base.

Où trouvez-vous les moyens pour financer toutes ces actions que vous avez citées ?

La plupart de nos actions sont financées à 90%, grâce aux produits que nous fabriquons nous-mêmes et que nous vendons sur les marchés que nous organisons. Ainsi qu’aux cotisations annuelles de nos membres et aux dons de personnes bienveillantes.

Avez-vous des partenariats avec certains organismes en vue de l’atteinte de vos objectifs

Face aux fléaux qui traversent notre continent africain, notre ONG s’est associée, dans le cadre d’un partenariat allant de 2025 à 2030, à l’ONG EPI, une organisation locale basée en Côte d’Ivoire qui lutte déjà pour cette cause. Ensemble, nous souhaitons sensibiliser un large public.

Quels sont vos projets futurs ?

Pour l’année 2025, nous avons prévu de traiter divers thèmes à travers plusieurs actions sur le territoire ivoirien. Il s’agit entre autres de campagnes de sensibilisation sur les fléaux en milieu scolaire, certaines maladies, les grossesses précoces et la santé mentale, dans différentes écoles. Nous aurons aussi une journée récréative avec les enfants souffrant d’insuffisance rénale du CHU de Yopougon, afin de leur témoigner notre soutien. Il est prévu aussi une campagne de sensibilisation sur les cancers du sein et du col de l’utérus à Grand-Lahou. Une journée de célébration sera dédiée aux  personnes du troisième âge qui sont souvent délaissées. Nous comptons aussi  apporter une assistance aux veuves, aux familles et aux personnes en difficulté, par la distribution de kits alimentaires. Nous distribuerons des kits scolaires à des enfants défavorisés. Et, si Dieu le veut, nous terminerons l’année par un arbre de Noël. Cette mobilisation pourrait ensuite être déployée au Cameroun et au Congo, où nous avons des antennes.

Quelles sont vos difficultés couramment rencontrées dans le cadre de l’exercice des Activités de votre ONG et comment arrivez-vous à les solutionner ?

Les difficultés que nous rencontrons fréquemment sont le manque de moyens financiers ou de matériel. De plus, nous sommes souvent confrontés aux réflexions de personnes qui pensent que la plupart des associations sont là pour s’enrichir. Face à certaines situations d’urgence, nous sommes parfois contraints de financer sur nos fonds propres pour éviter qu’une personne ne se retrouve en danger de mort. Pour trouver de bonnes solutions à nos difficultés, nous lançons un appel pressant aux personnes de bonne volonté à travers le monde, à toutes ces âmes bienveillantes et généreuses, pour nous soutenir.Nous avons besoin de sponsors, de parrain, de soutien et de partenaires pour concrétiser nos différents projets. Leur aide est précieuse et nous permettra de sauver des vies.

Solange ARALAMON