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Transport : pourquoi le patronat des transporteurs a-t-il convoqué un conclave
6 mars 2025, 17:53

Les résolutions issues de ce conclave seront-elles entendues par les autorités

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L’Association patronale des entreprises de transport terrestre de Côte d'Ivoire (APETT-CI) a débuté ce jeudi 6 mars 2025, en son siège du Plateau Dokoui, une rencontre réunissant les acteurs du secteur pour un conclave sur la conduite à tenir relativement à l’application de l'article 3 de l’annexe fiscale de 2024, reconduit pour l’année 2025. Cet article stipule que le transport de voyageurs et de marchandises est désormais assujetti au paiement de la TVA de 18 %.

Cette mesure prescrit que « le transport de voyageurs et de marchandises est assujetti, à compter de janvier 2024, au paiement de la TVA de 18 % », a expliqué la secrétaire générale à l’information de l’APETT-CI, Blanche Assémian Auxence. Elle a ajouté que, comme la TVA est un impôt supporté par le consommateur final, il va de soi que le coût du transport d’un point A à un point B devrait augmenter de 18 %, et ces 18 % devraient être payés par le client.

Selon les explications données au début de ce conclave, cette hausse pourrait entraîner une augmentation significative des tarifs de transport. Par exemple, le trajet Abidjan-Odienné, initialement à 12 000 FCFA, passerait à 14 160 FCFA, et le trajet Abidjan-Bouaké de 7 000 FCFA à 8 260 FCFA si la TVA est appliquée. Toutefois, Blanche Assémian Auxence a précisé que la TVA collectée ne profite pas aux transporteurs, car elle est intégralement reversée aux impôts.

Le texte de l’annexe fiscale vise principalement les entreprises ayant un chiffre d'affaires annuel supérieur ou égal à 200 millions de FCFA, les obligeant à appliquer la TVA sur l'ensemble de leurs prestations. Celles dont le chiffre d'affaires est inférieur sont exemptées de l’application de la TVA.

« Cela nous donne un tableau du deux poids deux mesures dans la mesure où nous avons les mêmes charges et les mêmes engagements. Mais le client préférera aller plutôt chez le confrère ayant un chiffre d’affaires inférieur à 200 millions, qui n’ajoutera pas de TVA sur le titre de transport », dénonce l’APETT-CI.

Les transporteurs, déjà confrontés à une flambée des charges, ne cachent pas leurs préoccupations. Parmi les difficultés rencontrées figurent l’augmentation du prix des carburants, la multiplication des postes à péage, la hausse des coûts des pièces de rechange, des matériaux de réparation et des lubrifiants. De plus, les hausses salariales, notamment l'augmentation du SMIG et la revalorisation salariale de 12,5 % depuis janvier 2023, pèsent lourdement sur les entreprises de transport. « Le secteur va mal », a-t-elle affirmé.

Malgré ces difficultés, les transporteurs n’ont pas augmenté le prix du transport pour ne pas impacter davantage le portefeuille du citoyen moyen, rassure-t-elle.

Toutefois, la situation reste très préoccupante pour les entreprises de transport. Selon les transporteurs, même si des efforts sont faits pour maintenir des tarifs abordables, la réalité des coûts de fonctionnement devient intenable.

Depuis novembre 2024, plusieurs entreprises ont été confrontées à des taxations d’office en raison de la TVA. Ces entreprises n’ont pas perçu la TVA de leurs clients, mais se retrouvent aujourd’hui poursuivies par l'administration fiscale, et certaines ont même vu leurs locaux fermés, créant un climat d’incertitude et de crise dans le secteur.

Le patronat des transporteurs dénonce cette situation et appelle les autorités à prendre en compte l’urgence de la situation. Les emplois sont désormais menacés, et les entreprises peinent à assumer leurs charges, y compris le paiement des salaires. Les transporteurs, qui continuent de faire face à ces difficultés sans pouvoir ajuster leurs tarifs, se voient contraints de se réunir pour trouver des solutions à cette crise.

Au nom de l’ensemble du secteur, l’Association patronale a lancé un appel solennel aux autorités compétentes pour qu’elles réévaluent la situation, en tenant compte de la réalité sociale actuelle et du pouvoir d'achat des Ivoiriens. L'urgence est réelle, et les transporteurs espèrent une prise en charge rapide de leurs préoccupations pour sauver ce secteur vital pour l’économie du pays.

Entamé ce jeudi 6 mars 2025, le conclave s’achève lundi. À l’issue de celui-ci, des décisions fortes seront prises.

Lambert KOUAME

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