Présidentielle 2025 : et si Ouattara dribblait partenaires et adversaires
Candidat ou pas, Alassane Ouattara reste seul face à son libre arbitre
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L'élection présidentielle du 25 octobre 2025 approche à grands pas. Les partis politiques affûtent leurs armes pour s'attirer les faveurs des électeurs. Si, dans les autres formations politiques de l’opposition, les candidats probables sont déjà connus, au RHDP, parti au pouvoir, les choses ne semblent pas aussi claires. Du moins, le président sortant, Alassane Ouattara, n’a jusque-là ni confirmé ni infirmé une nouvelle candidature à la présidentielle d’octobre 2025. Pourtant, les occasions ne lui ont pas manqué.
On se souvient qu'à la demande du président de la République, le Parlement s'est réuni en congrès le 18 juin 2024 au Sofitel Hôtel Ivoire. Beaucoup pensaient que le chef de l'État se saisirait de cet instant solennel pour annoncer sa décision, comme il l’avait fait en 2020. En effet, le 5 mars 2020, après deux mandats passés à la tête de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara avait déclaré devant les parlementaires réunis en congrès à Yamoussoukro qu’il ne briguerait pas un troisième mandat.
« Comme vous le savez, tout au long de ma carrière et durant les deux mandats que vous m’avez confiés à la tête de notre beau pays, j’ai toujours accordé une importance toute particulière au respect de mes engagements. Dans le même esprit, j’avais, à plusieurs occasions, indiqué, au moment de l’adoption de la Constitution de la IIIe République en 2016, que je ne souhaitais pas me représenter à un nouveau mandat présidentiel. En conséquence, je voudrais, vous annoncer solennellement, que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », avait-il dit.
Par cet acte, avait-il poursuivi, « je veux donner la possibilité à des ivoiriens plus jeunes de poursuivre l’œuvre de modernisation de notre pays et de conduire la destinée de notre Nation, avec toute l’énergie nécessaire ». La suite, on la connaît.
Toutefois, en janvier 2025, lors d’une rencontre avec les cadres de son parti, Alassane Ouattara a affirmé : « À la date d'aujourd'hui, je n'ai pas encore pris de décision. Mais je suis en pleine santé et désireux de continuer à servir mon pays ». Une petite phrase qui a suffi à raviver les espoirs de nombreux partisans, convaincus que leur champion sera bel et bien candidat. Et pourtant...
Ce qui peut être vu comme une hésitation fait dire à certains observateurs avertis de la scène politique ivoirienne qu'Alassane Ouattara pourrait réserver une grosse surprise, voire une déception à ses proches.
Selon eux, Ouattara souhaiterait effectivement passer le relais après tous les sacrifices consentis pour son pays, convaincu d'avoir accompli sa mission à la tête de la Côte d’Ivoire. Ils ajoutent que les derniers mandats sont souvent sources de tensions et de troubles, et qu'en homme sage et expérimenté, il ne voudrait pas compromettre ce qu’il a construit au prix de mille et un efforts.
De plus, la fonction de président de la République ne se limite pas à une campagne électorale que d’autres pourraient mener à sa place. Elle exige un engagement total, et Alassane Ouattara lui-même a déjà exprimé son souhait de consacrer davantage de temps à sa famille.
Un journaliste proche du parti au pouvoir partage cette analyse. Pour lui, le rappel à ses côtés de plusieurs cadres influents, notamment l’ancien Premier ministre Patrick Achi, n’est certainement pas anodin. Dans cette hypothèse, Ouattara, en renonçant à briguer un nouveau mandat, pourrait positionner son vice-président Tiémoko Meyliet Koné ou son directeur de cabinet Fidèle Groton Sarassoro, entouré de Patrick Achi et de l’actuel Premier ministre Robert Beugré Mambé.
Avec ce trio, croit-il savoir, le RHDP aurait toutes les chances de conserver le pouvoir. En effet, Tiémoko Meyliet et/ou Fidèle Sarassoro bénéficieraient du soutien du Nord, Beugré Mambé assurerait l’ancrage du parti au Sud, et Patrick Achi, maîtrisant les rouages de l'administration et les dossiers de la République, pourrait rallier à la cause du RHDP certains militants du PDCI-RDA, en froid avec la nouvelle direction de leur parti. Pendant ce temps, Ouattara pourrait rester en retrait tout en continuant à donner des directives, jouant ainsi un rôle d’ « homme-orchestre » même après son départ.
Quoi qu'il en soit, la décision finale appartient à Alassane Ouattara. Nul ne pourra prétendre demain qu’un conseiller l’aura influencé ou induit en erreur. C’est à lui seul de faire le choix qui lui semble le plus juste, en s’appuyant sur son libre arbitre.
Lambert KOUAME
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