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Interdiction des Gbaka à Adjamé : une décision impopulaire qui suscite grogne et colère
Aujourd'hui, 13:21

Les autorités du district ont-ils pris la bonne en interdisant les gbakas dans la commune d'Adjamé

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Depuis quelques jours, les minicars communément appelés « gbaka » ne sont plus autorisés à circuler dans la commune  d’Adjamé. Une décision prise par le district d’Abidjan dans l’optique de fluidifier la circulation dans cette zone stratégique d’Abidjan. Pour être plus précis, les terminus et stations à l'intérieur d'Adjamé n'existeront plus. Désormais, les gbakas n'ont plus le droit de s'arrêter pour prendre des passagers tant qu'ils sont dans cette commune. Tout se fera à partir de l'ancienne casse. Si certains saluent une initiative qui vise à désengorger la commune, d’autres, en revanche, dénoncent une mesure brutale qui impacte négativement la mobilité et l’économie locale.

Adjamé est l’un des principaux centres névralgiques du transport urbain à Abidjan. Ses rues sont souvent saturées, notamment à cause des nombreux gbaka qui y circulent, s’arrêtent en désordre et créent des embouteillages monstres. Selon les autorités municipales, cette décision du district autonome d'Abidjan vise à réorganiser la circulation, améliorer la sécurité routière et encourager d’autres alternatives de transport plus réglementées. « Nous avons pris cette mesure pour assainir la mobilité à Adjamé. Les gbakas ne respectaient pas les règles de circulation, provoquant des embouteillages et des accidents fréquents. Il fallait agir », justifie un responsable du district d’Abidjan, que nous avons joint par téléphone, le jeudi 13 mars 2025, et qui a requis l’anonymat. « Les terminus et stations de Liberté, Renault, En bas du pont, etc., seront définitivement fermés et relocalisés sur le site de l’ancienne casse d’Adjamé, à Pont ferraille », précise-t-il. Les usagers venant donc de Yopougon, Abobo, Bingerville, Riviera, Port-Bouët, etc. seront tous déposés à l'ancienne casse en passant par les grands axes tels que l'autoroute du Nord ou le boulevard lagunaire, etc. Et c'est à partir de là que chacun pourra utiliser d'autres moyens de locomotion parfois plus chers pour rallier les différentes destinations. 

Usagers en difficulté, trajets rallongés 

Si la mairie et les autorités défendent la pertinence de cette décision, les usagers, eux, expriment leurs inquiétudes. Habitués à emprunter les gbakas pour leurs trajets quotidiens, ils doivent désormais se tourner vers d’autres moyens de transport, parfois plus coûteux et moins accessibles. « Cette situation sera très compliquée pour nous. Si nous ne pouvons plus prendre les minicars pour venir faire nos achats à Adjamé, cela deviendra encore plus difficile, surtout pour les commerçantes », se plaint Mariam Kéita, une commerçante rencontrée au Forum d’Adjamé, l'un des plus grands marchés du district où l'on trouve presque tout. De son côté, Ludovic Agbo, vendeur de friperie au carrefour Liberté, exprime son mécontentement : « Si les passagers des minicars ne peuvent plus s’arrêter à ce carrefour, nous, les commerçants ambulants de friperie, aurons du mal à écouler nos marchandises. Certes, les gbaka créent parfois des embouteillages, mais pour nous qui vendons ici, cette interdiction complique énormément notre petit commerce. Puisqu'il n'y aura plus d'affluence à Liberté. En tout cas, les autorités devraient revoir leur décision », a-t-il protesté. 

Le ras-bol des conducteurs et syndicats 

Les conducteurs et syndicats de gbaka ne cachent pas leur frustration. Pour eux, cette interdiction met en péril leur gagne-pain et celui de milliers d’apprentis et de travailleurs du secteur informel. « On nous chasse sans nous donner d’alternative. Comment allons-nous nourrir nos familles ? », s’indigne Kader, chauffeur de gbaka depuis plus de dix ans. À ses côtés, plusieurs conducteurs acquiescent, visiblement inquiets pour leur avenir. Adama, un apprenti, exprime lui aussi son désarroi « Moi, je fais ce travail pour aider ma famille. Si les gbakas ne circulent plus ici, je vais faire quoi ? », s’interroge-t-il. 

Face à cette situation, les syndicats de transport ont entamé des discussions avec les autorités. En attendant une issue favorable, les usagers et les transporteurs doivent s’adapter, malgré les difficultés. 

EA

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