Dans une course de 100 mètres ou de 110 mètres haies, chaque appui est une promesse de vitesse, chaque foulée une quête d’équilibre. Le moindre écart, la plus infime erreur, et l’élan se brise, condamnant l’athlète à voir ses espoirs s’évanouir dans le souffle de ses adversaires. C’est précisément la situation dans laquelle se trouve notre équipe à sept journées de l’épilogue de cette saison de Ligue 1. L’heure est venue du sprint final, celui où la pression s’abat de toutes parts, venant aussi bien de ceux qui nous précèdent que de ceux qui convoitent notre place. Désormais, chaque point comptera double, chaque victoire sera une pierre précieuse sur le chemin du sacre. Parmi les cinq premiers du classement, nos confrontations en phase retour ont déjà livré leur verdict partiel : une victoire glanée face au Mouna FC, un nul arraché contre le Stade d’Abidjan et une défaite concédée devant l’AFAD. Mais ce dimanche s’annonce comme un tournant, une de ces rencontres où se forge le destin d’une saison. Face à nous, le FC San Pedro, quatrième et tapi dans l’ombre, à trois points seulement. Une victoire, et nous l’éloignons à une distance respectable. Un faux pas, et le souffle de la menace se fera plus pressant. Devant nous, tout reste possible. Mais la marge d’erreur est infime, et le moindre faux mouvement pourrait briser nos ambitions de conquérir un 30e titre national. Le défi est immense, mais la récompense n’en serait que plus grandiose, car ce trophée, s’il nous revient, aura été conquis de haute lutte. Dans cette effervescence, une polémique a surgi ces derniers jours, nourrie par l’interprétation hâtive de propos tenus par notre entraîneur à l’issue du match contre le Stade d’Abidjan. Certains lui ont reproché d’avoir évoqué la deuxième place comme objectif, y voyant un renoncement inacceptable pour un club de notre envergure. Il est vrai que l’histoire de l’ASEC Mimosas, son palmarès et l’ardeur de ses supporters ne peuvent tolérer l’idée d’une ambition mesurée. Mais qu’on se donne la peine de réécouter ses paroles, et l’évidence apparaît : à aucun moment il n’a relégué l’espoir du titre. Il a simplement rappelé que, pour conquérir la première place, qui reste l’objectif du club, il fallait d’abord revenir sur le deuxième. Ainsi va notre monde, où les mots sont souvent malmenés, déformés, livrés à des interprétations fluctuantes, pour le meilleur comme pour le pire. Mais qu’importe les vents contraires : Nous continuons notre route avec détermination et nous verrons bien là où elle voudra bien nous mener ! 

 Benoît YOU