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Pré-collecteur d'ordures : un métier difficile mais nécessaire
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Un tricycle bleu chargé d’ordures, entouré de planches de bois, stationne à un coin de rue. À côté, un homme vêtu d’une vieille chemise, coiffé d’un chapeau usé, et habillé d’un pantalon noir, sans gants ni protection, ramasse des déchets ménagers. C’est le quotidien de Yssouf, pré-collecteur d’ordures depuis plusieurs années. Comme lui, ils sont nombreux à s’adonner à cette activité de pré-collecte des ordures ménagères. Mais comment s’organise ce métier souvent négligé ? Quelles sont les réalités des acteurs de la pré-collecte ? Autant de questions auxquelles pressecotedivoire.ci a tenté de répondre en rencontrant Yssouf et Bouba, le mercredi 9 juillet 2025, dans l’un des quartiers de Cocody et à Bingerville. 

« Je sors tous les matins. Je commence à Abobo, où je vis. Avec mon tricycle, je fais le tour des maisons de mes clients abonnés, puis je me rends à Cocody. J’ai des clients à Angré, Palmeraie, et dans d’autres quartiers. Dès 8h, je débute ma tournée, et je termine généralement vers 21h », explique-t-il. Comme on peut le constater, notre pré-collecteur a des abonnés qui font appel à ses services. Lorsqu’il commence sa journée, il sait déjà où il doit aller. C’est une organisation qu’il a mise en place lui-même.

Pour notre santé, Dieu nous protège

« Ce métier est vraiment difficile. Les odeurs, l’insalubrité... mais c’est Dieu qui me protège », raconte-t-il. Une protection divine en laquelle il a foi. Mais cela suffit-il ? Non. Et Yssouf le sait. C’est pourquoi, concernant la protection, il se débrouille comme il peut. Selon ses dires, il utilise des gants et des masques, mais pas de façon régulière. « J’utilise des gants parfois, surtout pour le ramassage. De temps en temps, je vais à l’hôpital à la fin du mois pour des contrôles. Mais quand je ne gagne pas assez, je me soigne avec les moyens du bord, parfois avec la médecine traditionnelle », affirme-t-il.

Sur le plan financier, Yssouf explique que les tarifs varient selon les clients et les quartiers. « Certains clients prennent un abonnement à 3 000 ou 5 000 FCFA par mois. D’autres préfèrent payer à la journée, 500 FCFA ou plus, selon l’endroit. Ce n’est pas facile, mais j’arrive à m’en sortir », confie-t-il.

Après notre échange avec Yssouf, nous mettons le cap sur Bingerville, dans une des nombreuses cités où Bouba, un autre pré-collecteur, exerce la même activité. Il nous fait part de ses réalités. « Je ramasse les ordures avec l’aide de certains riverains. "On signe des contrats, et à la fin du mois, je peux recevoir entre 5 000 et 10 000 FCFA. Je passe deux fois par semaine. Quand les sociétés de ramassage tardent, les clients m’appellent directement », nous confie-t-il. La réalité, Bouba l’a peinte clairement : les précollecteurs gagnent leur pain grâce à la défaillance des sociétés de ramassage d’ordures, qui pourtant ont signé des contrats avec l’État.

Bouba évoque aussi les difficultés liées aux conditions de travail. « C’est dur, avec les fortes odeurs. Je travaille avec une pelle et une brouette. Ensuite, un collègue vient récupérer les sacs avec un tricycle. J’utilise rarement des protections, mais Dieu nous garde », lâche-t-il avec la même foi divine que Yssouf.

À travers ces témoignages, ces hommes lèvent le voile sur un métier essentiel à la propreté urbaine, mais souvent négligé. Entre fatigue, risques sanitaires, précarité et débrouillardise, ils continuent chaque jour à assurer un service vital pour les populations. Ne serait-il pas temps de mieux organiser cette activité pour plus d’efficacité ? Car, il faut le reconnaître, les partenaires de l’État sont très souvent défaillants. Il en va de la santé des populations et de la propreté du district d’Abidjan.

Sonia FAITAI

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