Modernisation de l’administration : et si on repensait le modèle des concours
La ministre Anne Ouloto lors du coup d’envoi des concours administratifs
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La ministre d’État, ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration, Anne Désirée Ouloto, a officiellement lancé à Abidjan, samedi 14 juin 2025, la session 2025 des concours administratifs. Cette année, 590 concours sont ouverts, dont 213 destinés au recrutement de nouveaux fonctionnaires et 377 à la promotion des agents déjà en poste. Plus de 120 000 candidatures ont été enregistrées.
Le coût global d’inscription s’élève à 30 500 FCFA par candidat, répartis comme suit :
13 500 FCFA pour la visite médicale obligatoire,
10 000 FCFA reversés au Trésor public,
7 000 FCFA pour le kit numérique, à payer en ligne.
Ce montant, multiplié par les 120 000 candidats, représente une recette potentielle de 3,66 milliards de francs CFA, essentiellement prélevée sur des jeunes diplômés et des chômeurs souvent en situation de précarité.
L’un des points les plus critiqués concerne l’obligation pour les candidats de passer la visite médicale avant même l’étape de l’admissibilité. Cette exigence, facturée à 13 500 FCFA, est jugée prématurée et injustifiée par de nombreux observateurs.
Pourquoi imposer une dépense médicale, s’interrogent-ils, à tous les candidats alors qu’une majorité échouera dès l’épreuve écrite ? La logique voudrait que cette visite intervienne uniquement après la réussite à l’écrit, pour les candidats admissibles. Dans sa configuration actuelle, cette mesure semble davantage servir de levier de recettes pour l’administration que répondre à une nécessité fonctionnelle.
Il devient donc indispensable de procéder à un audit indépendant afin de déterminer le coût réel de l’organisation de ces concours, d’évaluer la pertinence des frais à la charge des candidats et de proposer une meilleure répartition des dépenses.
Cet audit offrirait au gouvernement ivoirien l’occasion d’engager une réforme structurelle de la gouvernance des concours administratifs en rationalisant les coûts supportés par les candidats, en instaurant une transparence sur les recettes générées et en révisant la procédure de la visite médicale pour la déplacer à l’étape post-admissibilité.
À l’heure où la Côte d’Ivoire modernise son administration, une réforme des concours publics apparaît comme une priorité. Il est crucial de préserver l’esprit républicain d’équité et de méritocratie.
Le concours de la Fonction publique doit rester un véritable levier d’égalité des chances pour tous les candidats.
Lambert KOUAME
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