Jacobleu au centre a permis aux journalistes culturels de mieux comprendre son combat
L’Union des journalistes culturels de Côte d’Ivoire (UJOCCI) a reçu, dans le cadre des « Grands plateaux de l’UJOCCI », un espace de rencontre entre créateurs et professionnels des médias, l’un des piliers majeurs de la scène artistique ivoirienne : Jacobleu. L’événement s’est tenu à la Jacobleu Art Galerie, située aux Deux-Plateaux Aghien, le vendredi 18 juillet 2025
C’est autour du thème: « 30 ans d’histoire et de maîtrise du pinceau », que l’artiste peintre à la signature singulière est revenu, pinceau en main, sur un parcours riche, authentique, et ancré dans les réalités africaines qu’il a débuté il y a 30 ans.
« Étant petit, j’aimais bien gribouiller à la maison. Au quartier, à l’école primaire, c’est moi qu’on appelait pour faire les dessins », a-t-il rappelé. Le déclic vient en classe de 4e, lors d’une sortie scolaire à l’INSAAC : « Je me suis dit : moi je joue avec ça à la maison. Et à l’école, on dit que je suis fort. Pourtant, c’est un vrai métier. Une forme d’expression, un travail », a-t-il ajoute.
Depuis 1995, Jacobleu n’a cessé de tracer sa voie, nourri par une esthétique influencée par Jean-Michel Basquiat, le cubisme de Picasso, et les couleurs de Francis Bacon.
Avec lucidité, l’artiste revient sur ses influences : « L’art moderne les a propulsés. Mais ils se sont inspirés de nos arts. J’ai compris qu’ils avaient percé mondialement grâce à des éléments qu’ils ont puisés ici, en Afrique. C’est ce qui m’a poussé à m’intéresser à nos masques, à les étudier, à m’en imprégner».
Jacobleu ne cache pas une pointe d’amertume : « Je leur en veux un peu, parce qu’ils n’ont jamais reconnu qu’ils ont emprunté tout cela à l’Afrique. Ils ne l’ont jamais proclamé. C’est à nous maintenant de montrer au monde que ce qu’ils ont pris, nous pouvons aussi l’utiliser pour valoriser notre continent».
Interpellé sur le débat autour de la restitution des œuvres africaines, Jacobleu reste tranchant : « Ils restituent un ou deux masques, mais ce sont des millions d’objets précieux qui ont été pris à l’Afrique. Les masques ne sont pas de simples objets. Tout a un sens. Ce n’est pas l’objet sculpté qui fait le masque. C’est notre rapport au sacré, à la mémoire».
L’artiste a profité de cette rencontre pour prodiguer des conseils à la jeunesse : « Il faut mettre l’accent sur le travail bien fait, la régularité, la maîtrise technique, et la présence dans les événements importants liés à ton domaine et avoir une bonne communication», a-t-il conseillé.
Enfin, il plaide pour une vraie éducation à l’entrepreneuriat culturel, indispensable selon lui pour « permettre aux jeunes artistes de se vendre, de s’émanciper, et de vivre de leur art ».
Dominique KOBA
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