Les taxis communaux deviennent de plus en plus un obstacle à la facilitation du transport à Cocody
Des taxis de couleur jaune citron sont alignés, les klaxons retentissent, et les chauffeurs cherchent désespérément des clients pour diverses destinations (La Vie, Sococé, Petro Ivoire). Les passagers, quant à eux, s’informent sur les tarifs avant de monter. « S’il vous plaît, j'ai 100 F pour le carrefour La Vie », demande un usager. La réponse du conducteur est sans appel : « Non, ce n’est plus 100 F, madame. » « Pour ce petit trajet ? Vous exagérez. C’est mieux de marcher », rétorque la cliente. C'est cette ambiance tendue qui rythme désormais le secteur du transport communal à Cocody, depuis l'augmentation des tarifs.
Dimanche 17 août 2024, nous nous rendons au célèbre carrefour Saint-Jean, situé à Cocody. À peine arrivée, nous constatons une faible affluence. Nous abordons un chauffeur qui nous conduit à La Vie pour 200 F, alors qu’il y a quelques semaines, cette même course coûtait 100 F. Interrogé sur cette augmentation, le chauffeur nous explique que cela dépend des taxes imposées par la mairie. « Madame, ce n’est pas de notre faute. Nous payons des taxes à la mairie, et désormais, avec la patente et tout le reste, les coûts augmentent. Nous sommes obligés de revoir nos prix. Les syndicats nous fatiguent aussi, les pannes surviennent, tout ça. Si nous ne faisons pas ainsi, nous ne nous en sortirons pas".
Avant cet échange, de jeunes usagers nous confiaient, visiblement épuisés par ces hausses de prix : « La distance n’est pas longue. Partir de Saint-Jean pour La Vie à 200 F, c’est trop. Nous allons marcher, car pour le carrefour Opéra-Angré, ils nous demandent 600 F à partir d’ici, alors que si l’on part depuis le carrefour La Vie, cela nous revient à 500 F. Avant, les trajets vers Opéra et La Vie coûtaient 400 F. Tout change, c’est difficile, et les bus ne sont pas toujours réguliers ou sont souvent pleins aux heures de pointe".
Mariam, étudiante, trouve ce tarif trop élevé pour ce trajet. « Je quitte Adjamé, je descends à Saint-Jean et j'emprunte un wôrô wôrô pour le carrefour Mobile. Avant, je payais 300 F, maintenant c’est 400 F, souvent 500 F pour le même trajet. Il y a aussi la course du carrefour Saint-Jean au quartier Château, qui coûte maintenant 700 F, certains disent même 800 F. C’est compliqué tout ça. Qu’ils revoient cela afin d’arranger tout le monde », nous fait-elle savoir.
Entre négociations serrées et les difficultés silencieuses des chauffeurs, le déplacement en wôrô wôrô est devenu un luxe pour certains usagers. Sans régulation ni amélioration durable des conditions de travail des transporteurs, ce mode de transport populaire risque de perdre sa vocation, celle de faciliter la vie des Abidjanais.
Sonia FAITAI
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