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Marche et meeting de l’opposition à Yopougon : Et si les choses revenaient (enfin) à la normale ?
Aujourd'hui, 08:53

L’opposition a marché sans casser, les forces de l’ordre n’ont touché à personne

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La scène politique ivoirienne a connu deux grands moments ces derniers jours, qui, au-delà de leur portée symbolique, pourraient marquer un tournant dans la consolidation de la démocratie dans le pays. Le samedi 9 août 2025, le Front commun PDCI-RDA/PPA-CI et le FPI ont organisé à Yopougon une marche pacifique pour exiger, entre autres, une élection inclusive et la réinscription sur la liste électorale de plusieurs figures politiques majeures, notamment, Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et Akossi Bendjo.

Une semaine plus tard, le samedi 16 août, toujours à Yopougon, c’est l’ancien président Laurent Gbagbo, chef de file du PPA-CI, qui réunissait ses partisans lors d’un meeting politique tenu sur la place Ficgayo.

Ce qui frappe, au-delà de l’important public rassemblé pour ces deux événements, c’est leur bon déroulement. Aucun incident majeur, aucune répression, aucune violence policière. Une situation inhabituelle dans un pays longtemps habitué à des manifestations souvent étouffées dans l’œuf ou réprimées.

Les forces de l’ordre, présentes mais discrètes, ont visiblement choisi de jouer un rôle d'observateurs plutôt que d’intervenants. Une posture saluée par de nombreux observateurs et citoyens, qui y voient une avancée significative en matière de liberté d’expression et de respect des droits politiques.

« C’est peut-être un détail pour certains, mais pour nous, cela veut dire beaucoup », glisse un militant croisé à Ficgayo. « On a pu marcher, écouter notre leader sans qu’un coup de matraque ne vienne tout gâcher. »

Un contraste saisissant avec certaines pages sombres de l’histoire récente du pays. En 1999, une marche du RDR, alors dans l’opposition sous le régime du président Bédié, avait été violemment réprimée. Plusieurs responsables du parti avaient été arrêtés et emprisonnés à la MACA. Ce n’est que suite au coup d’État perpétré par « les jeunes gens » du général Guéi que la situation avait évolué.

Ces dernières années, la perspective d'une manifestation de l’opposition faisait planer la menace de tensions : intimidations sur les réseaux sociaux, menaces de groupes rivaux, répressions policières. Des épisodes encore présents dans les mémoires, comme les fameuses menaces du « Gbaka vert » ou les violences verbales visant certaines communautés religieuses.

Dans ce contexte, le bon déroulement des événements des 9 et 16 août apparaît presque comme une anomalie heureuse. Et si, finalement, la normalité démocratique était en train de s’installer ? C’est en tout cas l’espoir exprimé par de nombreux citoyens qui souhaitent des élections « libres, transparentes et inclusives ».

L’opposition a fait entendre sa voix. Le pouvoir a laissé faire. Le peuple a écouté. Le ciel n’est tombé sur la tête de personne. Reste à savoir si cette accalmie s'inscrira dans la durée et c’est le souhait de tous d’ailleurs, ou si elle n'était qu'une parenthèse. Une chose est sûre : en permettant à l’opposition de manifester pacifiquement et de s’exprimer librement, la Côte d’Ivoire donne des signaux positifs au moment où le pays s’approche d’échéances électorales majeures.

Il ne tient désormais qu’aux différents acteurs de poursuivre sur cette voie, pour que le respect de la démocratie cesse d’être perçu comme une exception et devienne définitivement la règle.

Lambert KOUAME

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