Réélection du président Ouattara : Simone Gbagbo « prend acte » mais estime que ces résultats ne reflètent pas « fidèlement » la volonté populaire
Simone Gbagbo reconnaît la victoire d’Alassane Ouattara mais dénonce « un système électoral verrouillé
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La candidate du Mouvement des Générations Capables (MGC), Dr Simone Ehivet Gbagbo, a réagi ce lundi aux résultats provisoires de l’élection présidentielle du 25 octobre, proclamés par la Commission Électorale Indépendante (CEI). Ces résultats donnent le président sortant Alassane Ouattara vainqueur dès le premier tour.
Dans une déclaration rendue publique à Abidjan, l’ancienne Première Dame a affirmé prendre acte du verdict des urnes, tout en soulignant que ces résultats « ne reflètent pas fidèlement la volonté populaire ».
« Je prends acte de ces résultats, tout en gardant au plus profond de moi la conviction que le combat que nous avons mené ensemble n’a pas été vain », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’« au-delà des chiffres, cette campagne a révélé la soif de justice, de vérité et de dignité qui habite notre peuple. »
Dr Simone Gbagbo a dénoncé un processus électoral entaché d’irrégularités et un système « verrouillé » au profit du pouvoir en place. Elle a évoqué notamment, un fichier électoral contesté, comprenant des doublons, des électeurs décédés et des radiations injustifiées ; une Commission Électorale déséquilibrée, dominée selon elle par le camp présidentiel et un climat d’intimidation et de violences ayant empêché des citoyens de voter librement.
La candidate du MGC a cité plusieurs localités, dont Akoupé, Afféri, Songon, Daoukro, Jacqueville et Yamoussoukro, où des troubles auraient perturbé le déroulement du scrutin.
« Et pourtant, la CEI évoque un taux de participation supérieur à 50 %, y compris dans des zones où le vote n’a pas eu lieu. Ce chiffre est manifestement inexact », a-t-elle contesté, estimant qu’« on ne peut pas bâtir la démocratie de la sorte ».
Simone Gbagbo a également dénoncé une inégalité financière entre les candidats, évoquant le coût exorbitant de la représentation dans les bureaux de vote.
« Pour simplement assurer la présence de nos représentants dans tous les bureaux de vote, il aurait fallu mobiliser plus de 630 millions de francs CFA », a-t-elle affirmé, soulignant que « aucune démocratie digne de ce nom ne peut tolérer une telle injustice structurelle ».
Malgré ses réserves, la présidente du MGC a dit vouloir poursuivre le combat « pour une réforme profonde du système électoral » et a lancé un appel à un Dialogue national inclusif.
Elle estime que la Côte d’Ivoire ne pourra pas bâtir une démocratie durable sans une indépendance réelle des institutions électorales, une régulation équitable du financement des campagnes et une transparence garantie par la loi et la technologie.
Dans un ton d’apaisement, Simone Gbagbo dit tendre la main au président réélu et à l’ensemble des forces vives de la Nation.
Elle a également saisi l’occasion pour solliciter la clémence du chef de l’État pour la libération des personnes arrêtées ou condamnées dans le cadre du processus électoral.
« Aucun Ivoirien ne doit être emprisonné pour avoir exercé un droit démocratique », a-t-elle plaidé.
« Ma vie entière est un engagement pour la liberté, la dignité et la souveraineté de notre peuple. Tant qu’il y aura dans ce pays des hommes et des femmes debout, rien ne sera perdu », a-t-elle lancé en signe d’espoir.
Lambert KOUAME
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