L’Amérique, c’est Hercule !





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Reconnaissons-le. L’Amérique n’est pas un petit pays. C’est une vraie puissance. Elle n’a pas que la puissance de feu. Elle possède une intelligence largement au-dessus de la normale. Disons plutôt de celle de l’Europe. Et ce n’est pas d’aujourd’hui. Regardons ensemble.

Ce sont les Etats-Unis qui assurent la sécurité de l’Europe depuis la création de l’Otan le 4 avril 1949. Vous ne vous êtes pas trompés. Vous avez bien lu. C’est tout simplement à travers l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan). Mais attention ! Ce service n’est pas gratuit. Un Américain ne fait jamais rien pour rien. Après tout, l’Otan n’est-elle pas un instrument de projection de la puissance américaine ? Ce que certains géo-politiciens nomment affectueusement «la milice de l’impérialisme américain qui l’instrumentalise afin d’asseoir sa domination sur certains pays et surtout, de faire fonctionner le lobby militaro-industriel des Etats-Unis» ?

D’ailleurs, l’URSS contre laquelle l’Otan était tournée a disparu. Tout comme le Pacte de Varsovie, créé le 14 mai 1955 pour se dresser contre l’Atlantique. En outre, depuis 1991 année de la dislocation de l’Empire soviétique, les Européens entretiennent des relations économiques assez intensifiées avec la Russie. Celle-ci leur fournit gaz, pétrole et autres matières premières.

Et, selon le géo-politicien franco-suisse Michel Santi, «Cette coopération économique a créé un nouvel espace européen car elle a rapproché , au moins au niveau des échanges commerciaux et des flux financiers , ces divers partenaires européens (Russie d’une part, Europe de l’Ouest d’autre part) qui sont à présent devenus interdépendants», in L’Otan, instrument des Etats-Unis, septembre 2008.

Très clairement dit, entre les pays européens membres de l’Otan et ceux du Pacte de Varsovie, il n’y a plus d’animosité ni de crainte au point de demeurer encore dans des structures guerrières qui vont se regarder en chien de faïence. Pourtant, l’Otan, qui comptait douze membres lors de sa création, en compte aujourd’hui près de trente et «probablement quarante dans un avenir pas si lointain». Pourquoi ?

Parce que les Américains n’ont pas changé leur perception de la Russie, ex-URSS : un ennemi à abattre ou à tout le moins à maîtriser ou à affaiblir. C’est sans doute la raison pour laquelle presque tous les présidents américains sont des partisans d’un interventionnisme militaire américain, mais hors des frontières américaines.

Convoquons encore le Franco-Suisse Michel Santi : «De fait, l’Otan semble être un outil idéal à la disposition de la politique étrangère américaine. Effectivement, à présent que l’ONU accumule les échecs retentissants dans ce qui devrait être son rôle de maintien de la paix dans le monde, l’Otan leur offre (aux Américains) ainsi opportunément une plate-forme "légale" à même de justifier tous types d’opérations militaires à travers le globe».

Il y a une autre raison. Pour le politologue, l’Otan étant de surcroît un instrument nettement plus flexible que l’ONU, ce "grand machin" qui oblige en permanence à passer des compromis même si l’on dispose comme les Etats-Unis du droit de veto, le choix est vite fait. Il faut réorienter la mission de l’Otan tout en l’élargissant afin que cet instrument flexible serve au mieux les intérêts de la politique étrangère américaine : celle de régenter le monde en étant son gendarme.

C’est ce qui explique que le pays de Biden possède d’énormes bases militaires à travers le monde, notamment en Europe. C’est ce qui justifie aussi la bataille intense que l’Amérique mène pour maintenir le «consensus» qui a produit l’Otan, le plan Marshall et les Institutions de Bretton Woods, qui ont fait du dollar américain la monnaie de référence dans le monde.

L’élargissement de l’Otan vers les frontières russes n’obéit qu’à cet impératif de boucler le pays des Tsars pour le rendre inactif et ainsi proclamer le rayonnement des Saxons. Mais évidemment, cet objectif ne peut être atteint véritablement sans causer de sérieux dommages aux amis de l’Atlantique nord. Comme on le voit dans le conflit ukrainien où, clairement, on assiste à l’affaiblissement et à la déroute de l’économie européenne au profit de celle, américaine qui, pourtant, depuis le début, a affiché ses «belles» intentions.

Comment Français, Allemands, Italiens, Espagnols etc., n’ont-ils pas pu voir venir le grand gendarme ? Leurs intellectuels et autres économistes indépendants les avaient pourtant avertis. Même quand, au lendemain de l’attaque de Nord stream 1 et 2 ces mêmes têtes pensantes pointaient l’administration Biden, il s’en trouvait pour parler de «complotite».

Or, le monde entier se souvient toujours de ce que les Américains se sont opposés fortement à la construction de Nord stream 2. Ils ont même, par la voix de leur premier responsable, promis de tout mettre en œuvre pour qu’il ne fonctionne pas. Et il a été endommagé. Et le gaz a cessé de parvenir aux Européens et en particulier aux Allemands qui en dépendent grandement. Et, profitant de cet «accident», les Américains proposent à leurs amis, leur gaz naturel liquéfié à un prix hors de portée.

Depuis, c’est la foire aux mots tirés du champ lexical de la lâcheté. Un ministre allemand d’abord puis un autre de la France. Ils crient leur désarroi. Leur déception. Ils sont à la renverse. L’Amérique, la grande Amérique les a trahis, les a blagués. Elle va s’enrichir sur leur dos. Ils sont allés très fort dans leur soumission à Biden. Il n’y a plus de retour possible. Ils sont dans l’obligation de foncer tête baissée.

En 2008, lors de la crise de la Crimée, un des leurs leur avait déjà lancé cet appel qui sonne encore aujourd’hui comme une prophétie : «L’Europe a tout à perdre d’une résurgence de la Guerre Froide avec la Russie et potentiellement avec la Chine et le nouveau costume à vocation offensive que sont sur le point de tailler les Etats-Unis à l’Otan débordera très largement les intérêts européens. L’Europe entretient de solides relations économiques avec la Russie, les relations commerciales allemandes avec la Russie sont fondamentales pour les deux partenaires, les relations d’amitié entre la France et la Russie remontent à plusieurs siècles, pourquoi devrait-on s’embarquer dans une politique agressive mise en place par l’administration américaine Bush-Cheney et consistant à faire encercler militairement la Russie par l’Otan et à disposer des missiles à ses portes ?»

Qui peut dire que les Etats-Unis ne sont pas forts comme Hercule à qui tout réussit ?

Abdoulaye Villard Sanogo

 

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